Fruits de l’utopie – ( RC )
Y a-t-il encore des poires dans ma cuisine ?
ou se sont-elles mariées avec des pénitents étrangers ,
qui se guident avec des sucres d’orge ?
je crois que je les entends !
Ah, c’est sans doute le bruit de leurs bottines,
qui font « flac ! » dans le sirop.
Comment fermer les yeux
sur leurs desseins coupables ?
Heureusement, j’avais enlevé les assiettes de la table :
( j’ai bien le droit de dormir un peu
et de penser à toi, cachée derrière l’armoire
qui me montrait la lune du doigt! ) .
J’ai fait tourner les aiguilles du réveil
dans la direction de l’ouest,
tout en haut des rayonnages ,
là où les souris se délectent de recettes.
L’une d’elles en robe d’abricot sec
dansait avec Fred Astaire :
vaut-il mieux soulever la poussière
que glisser dans la graisse d’oie ?
Personne n’aura l’idée d’enlever les miettes :
vêtu d’un maillot rose et sans lunettes,
je préférerai les fruits secs
à la tragédie antique.
Mais c’est encore un rêve qui bascule
au fond des utopies.
J’ai quand même retrouvé une poire,
dissimulée sous le lit.
Je l’ai enveloppée dans du papier de soie
couvert de ton écriture :
> c’est comme cultiver mon émoi
avec un peu de confiture !
RC – dec 2020
Une distance que l’on porte en soi – ( RC )
photo Catherine Loth – musée des moulages – Lyon
Ce qu’il y a entre nous
est quelque chose d’indéfinissable.
Je me reconnais en toi,
comme si c’était un miroir:
tes yeux me le rappellent…,
mais j’ai beau me rapprocher,
te toucher,
Tu ne seras jamais moi,
et jamais je ne verrai par ton regard.
Peut-être que son éclat
est l’image de tes pensées,
qu’elles aussi je ne peux saisir.
Je ne serai jamais toi,
et dans sa limite la plus ténue,
même chair contre chair,
il y a toujours
cette distance infranchissable,
que l’on porte en soi.
–
RC – juill 2018
–
voir aussi, sur une autre photographie de Catherine Loth, cet autre texte, créé le même jour…
Sculpteur d’un sourire – ( RC )
Art: Sculpture IFE ( Nigeria )
Si tu dors encore,
je caresse le dessin de tes lèvres,
elles me chuchotent un sourire .
Il est venu des profondeurs :
de celles du sommeil et de la terre.
Je pétris l’argile humide, à ton image.
Je peux te toucher:
il y manque juste ton souffle,
et mes yeux sont une caresse :
bientôt, tu vas m’offrir ton ombre .
Je vais l’enserrer et m’y fondre,
et devenir glaise à mon tour .
–
RC – nov 2016
Derrière le fard gris-vert des lichens – ( RC )
–
C’est brume,
Et les embruns parlent
au travers des sculptures .
quinze ans de modelage,
d’obstination sourde et muette,
avec le mouvement lancinant du ressac.
Des sentinelles se sont extraites
des rochers,
Veillent ( et il en surgirait d’autres ),
Leur regard de pierre
tient de celui des reptiles.
On ne sait si ce sont des gnomes,
ou des figures de saints,
qui tentent de sortir du granit
On se demande aussi
qu’est-ce qu’ils fixent ainsi,
dans l’horizon bouché …
peut-être les voiles du passé,
celles de Cancale,
et le retour des légendes ,
Fantaisies tourmentées:
rongées par le choc des vagues ,
la mémoire du sel.
Leurs corps fantomatiques s’assoupissent
sur un secret bien gardé,
scellé dans leur veille, les pieds dans l’eau .
Les coups de fouets obstinés
de la mer , qui insiste,
le long de la côte des corsaires , .
cinglent les visages,
comme pour les réduire au silence .
… mais pour l’instant ils résistent,
et masquent leur vie parallèle,
derrière le fard gris-vert des lichens
où ils semblent englués .
Leur attente est persévérance.
Ils restent
car ils sont attachés au sol,
probablement reliés de l’intérieur
par d’authentiques présages,
qui ne nous ont pas encore été donnés.
Ainsi les collines paisibles,
abritant dans leur creuset la forge du volcan,
paraissant éteint à jamais.
–
Traces de l’oiseau de passage – (RC )
–
–
L’oiseau de passage
Flèche les pages
Données au vent.
–
Il ne laisse trace,
Que l’ombre fugace,
Courant sur le sol,
–
Et les ruisseaux, les forêts,
Oublient tout de l’image,
Car elle est sans mémoire.
–
Elle ne s’accroche , qu’au temps,
Celui de l’envol,
Celui de l’instant présent.
–
Qu’importe le nom des hommes,
S’ils font de leur vie un envol…
Ils s’accomplissent autrement,
–
Même sans graver leur nom dans l’histoire.
–
RC- août 2014
Des instants, enrobés de l’épaisseur inconnue de la nuit – ( RC )
–
Il y a des cloches qui tintent à la volée,
Elles résonnent en silence,
Répondent aux instants,
Enrobés de l’épaisseur inconnue de la nuit,
Quand nous marchons tous deux
Dans la voie mystérieuse du sommeil .
Ce qu’il reste d’une fête qu’on ignore …
Des regards plongés dans une profondeur,
Dont on ne sait plus rien,
Tournés à l’intérieur de notre être,
Fenêtre discrète du coeur.
Nous portons l’oubli dans notre esprit,
Et la beauté de la neige immaculée,
Que l’on découvre au matin,
Accordée à la musique de ta voix,
Quand je me réveille,
A tes côtés.
–
RC – sept 2014
Un nid – ( RC )
–
Les choses ne sont plus
Ce qu’elles étaient,
Comme cette fois
Avec les branches des arbres,
Nouées sur le ciel,
A la luminosité faiblissante.
Le sol mousseux glissant,
Etirant le piège humide,
De racines sournoises,
Se prolongeant peut-être,
Au-delà du visible,
Dans les profondeurs de la terre…
Maintenant, le retour sur les lieux,
Bien des années plus tard,
Rend la forêt moins hostile.
Elle est devenue un abri,
Et si tu te loves,
Replié sur toi-même.
Au creux de ces mêmes racines
Une obscurité tendre,
T’enveloppe,
Avec son nid de feuilles sèches,
Où tu pourrais t’y cacher,
Au point de t’y fondre…
Un retour aux sources,
quand tu t’endors,
Sourd à tous les appels,
Parcourant la surface.
Loin au-dessus,
C’est un autre monde…
–
RC – juin 2014
Cavalleria Eroica – ( RC )
–
C’est une bataille de grand renom,
Des hommes, contre des canons,
La Grande ou la première,
Aux avancées meurtrières…
Se rue , grande cavalcade
Bientôt en dégringolade,
Comme se mène, la charge furieuse,
Devant de froides mitrailleuses
Et voila notre escadron fauché
…A terre la grande chevauchée
Dans les branches, les chairs éclatées,
Plantes nourries de membres étalés,
Découpés en lanières,
Boue sanglante, de guerre aventurière,
Jusque aux lèvres des tranchées,
D’une soif de sang jamais épanchée…
C’est une peinture d’histoire, ce tableau,
Sombre, aux accents de Waterloo.
–
RC – février 2014
–
S’arracher au sol – ( RC )
–
La tête à l’envers,
Montée sur l’échelle,
Quelque part sur la terre,
Au delà du ciel,
Crevant les nuages
Après l’ascension lente,
Que rien ne décourage,
Même pas les pentes,
D’abruptes avancées,
Et de rochers branlants
Aux horizons fermés
Et leurs glaciers luisants.
Comme des mâts de cocagne,
Plantés comme un défi,
Au milieu de la campagne,
– caprices de topographie…
Alors , il est bien tentant,
De s’arracher au sol
Combattre la pesanteur en la bravant
Pour prendre son envol.
Il est tombé, le soir,
Sur le Mont Aigoual,
Tu vas mieux pouvoir
Observer les étoiles,
Que depuis son observatoire
Et croiser les satellites
Dans la nuit noire,
D’un espace sans limites …
Les cheveux de couleur
Des aurores boréales,
Feront ton bonheur,
D’un vol sans escale
En chevauchant Pégase,
Et ses ailes , sur l’air, appuyées ,
Ignorant les cases,
Des jeux de société.
Tu iras bercer les lunes
Dans tes bras blancs
Survoler les dunes,
Et les soleils aveuglants.
Et les pays lointains,
Dont tu rêvais,
Seront à portée de main,
Et même si près,
Que la planète te semble
Bien petite , ma foi,
Même si elle tremble,
Encore, et aussi de froid
Pour les habitants de la terre,
Il serait aussi passé de mode,
De se faire la guerre,
Même aux antipodes….
Fini le temps des nations,
Des bains de sang,
Et de la désunion,
Tu auras bien le temps
De faire un petit tour et revenir,
Accrochée à une étincelle
Le temps d’un soupir,
Et d’un coup d’aile….
–
RC- janvier 2014
Masque – ( RC )
–
La magie du masque,
Ne dit rien que son visage noir,
Le bois creusé, que l’on dirait
Moulé sur un corps,
–
Un abri, derrière lequel
Il se réfugie, –
– … Je suis en compagnie,
D’un esprit.
–
L’ombre d’une face,
L’épreuve du silence,
Laissant sa trace,
Au-delà des gestes ;
–
Ceux de la danse,
Le lien vers un peut-être,
Sévère et magnifique,
De traduction magique
–
C’est une patine offerte,
Repoussant la lumière,
Happée vers l’intérieur,
Vers des mots d’une autre langue
–
Et qu’on protège des regards,
Du commun des humains.
Les lignes de ses formes fondent sa force,
Son action saluée , bénéfique,
–
Quand le masque est de sortie,
Chassant en conviction,
Les mauvais esprits,
Les mauvaises récoltes
–
Viens demain,
Sans lui, en habit de paille,
Remise-le dans l’ombre,
Les yeux fermés
–
La bouche ouverte, …
Le masque sacré
Veille même sur la nuit
Et aussi notre destin.
–
RC – décembre 2013
Au commencement est le geste, à la fin, la douleur ( RC )
Il y a toujours un commencement, mais nous n’en avons plus mémoire,
Ou c’est celle, animale, de l’embryon que nous fûmes…
Aussi on nous dit la Genèse, le premier jour, la lumière, ( les contes fleuris de la création du monde ),
ornent les missels, ou occupent les cadres dorés des musées.
…Le geste se prolonge à travers tous les corps ( Bernard Noël ),
, et c’est de l’espèce commune, oui, de cerner, attentif à notre fonds commun.
Le sang circule donc dans les veines, et l’existence tutoie différences et préjugés,
C’est l’intérieur qui parle, ( le flux sanguin, se trouvant de la même couleur chez tout le monde)
Le geste est originel… Pêchant dans l’inconscient collectif.
Il se traduit en images, parfois elles nous envahissent, car construites à notre semblance…
La Vierge est à ma portée, portant dans ses bras son fils mort, et affaissé.
Son immobilité et sa blancheur , sa dureté de marbre, quelle que soit l’habileté de l’artiste, lui ôtent sa chaleur.
Juchée sur son piédestal, et faussement accessible, le monde ne recommence pas avec elle,
au contraire, elle se substitue en mythe, aux mères des pays de famine, où toute mère, hurle à la vie enfuie, et qui s’est, au sens propre, arrachée d’elle.
S’il y a une genèse, il y a aussi celle de la douleur…. Il est des Pièta vivantes, ne prêchant pour aucune religion.
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RC – 14 octobre 2013
Parodie de Pièta: ( une de la série photographique de G PODGORSKY )
Invisible dans la cachette – ( RC)
–
Quand s’ouvre doucement sous nous,
La trappe du temps,
On s’y glisse, au début,
Comme dans une cachette,
–
Et, fort de ma trouvaille,
Invisible aux yeux de ceux
Qui nous recherchent,
Comme dans une grotte,
–
Qui collerait à la peau,
Ce jeu, à m’effacer,
Mais tout entendre et regarder
Sans être aperçu…
–
Le jouer du cache-cache, total
Et être invisible,
Même à moi-même
A quitter mes douze ans,
–
> Ou plutôt qu’ils me quittent,
Pendant que se soudent les années,
- Une porte invisible aussi, – s’est close.
Et l’ingénieuse cachette,
–
Restée invisible, pour de vrai,
N’avait même pas, l’indice d’un ongle,
Des objets que je portais ce jour là,
Ou mes os blanchis en petit tas…
–
Une cache , si bien close,
…. Que je porte en moi.
–
RC – 2 octobre 2013
–
( cet article a pour origine, le beau texte d’Astrid Waliszek » cache-cache »)
Figure des Cyclades ( RC )
–
La muse des mystères,
N’a pas de visage,
Ou alors, seulement indiquée,
L’arête du nez,
Dépassant du lisse,
mais juste la substance des choses,
> L’essentiel est dit ,
L’expression ne s’accroche
Ni aux lèvres absentes, ni au regard…
Nous laissons le nôtre,
Parcourir l’espace,
La pierre debout,
A la stature humaine,
Et cette énigme,
Blanche et dure,
La courbe même, en tension ,
Fuit, dans l’harmonie,
Les récits parasites,
Venant perturber l’aube de la nuit.
La nuit des temps, – dit-on,
Pourtant, ne se fond pas dans l’obscur,
Si simplicité fait aussi l’épure,
Polie des mémoires de chair,
–
Des peuples cycladiques,
—
Nous sommes, en présence,
De l’infini.
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RC – 19 septembre 2013
– en relation avec l’article de Michèle Dujardin » Cyclades »
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Regard Visage Parole
Article re-bloggé de détours du monde…,
excellent site en lien souvent avec les arts premiers
(in Artaud A., 1947, Le visage humain, Ed. Locus Solus).Comment apparaît l’humain ?
Francis Bacon à la Tate.
Photo 1 : Masque pendentif, Mexique, Culture Mezcala, 300-100 av. J.C, Collection Barbier-Mueller, © Studio Ferrazzini-Bouchet.
Photo 2 : Study for Portrait II (after the Life Mask of William Blake), 1955, © Estate of Francis Bacon, page Tate on line.
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L’art africain au Nigéria: les Yoruba
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Sur les Yoruba ( ethnie du Nigeria et Bénin).. vous trouverez de la documentation approfondie, chez “regard éloigné” , dont j’extrais ici, ce qui touche au côté artistique… et que j’illustre de deux croquis que j’ai faits récemment en regardant des masques de ce pays, de la fondation Pierre Guerre à Marseille ( visibles au musée de la Vieille Charité)
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dessin perso: masque Yoruba aux béliers. Encre de chine « graphique » avril 2012
La partie en bois du masque doit répondre à des critères formels et esthétiques, à la fois précis et variés. Placé sur la tête, siège de la sagesse de l’homme, il incarne l’esprit de l’ancêtre fondateur de la société. Ses pouvoirs sont renforcés par la personnalité du porteur et la qualité de sa famille, même si, en principe, les spectateurs ne connaissent pas l’identité de l’homme sous le masque. Celui-ci doit danser à la perfection, car, à travers lui, c’est tout le prestige de la société qui est enjeu. Il doit également être aussi solide physiquement que moralement.
dessin perso masque Yoruba au « tambour »… 2001
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Les traits du masque gèlèdè sont soulignés par des scarifications sur les joues et le front, caractéristiques de la civilisation yoruba ou nago, qui en compte des dizaines de variétés. Si l’aire culturelle yoruba a développé la culture du masque à scarifications, ces marqueurs culturels et identitaires ne figurent pas sur tous les masques. Le Gèlèdè est le seul des deux classes de masques à en porter.. Les marques les plus courantes sur les masques gèlèdè sont le kpélé et surtout l’abaja. Le premier est constitué par trois traits verticaux sur chaque joue. Le second présente trois traits horizontaux, assez longs, sur chaque joue et trois autres, verticaux et plus courts, sur le front. Il faut noter qu’un grand soin est toujours apporté à leur parfaite et harmonieuse exécution. Les scarifications visibles sur les masques gèlèdè ou les figurines garnissant certaines tenues égun n’ont pas plus de signification que celles qui marquent les visages des hommes. Elles sont essentiellement un élément d’identification et un critère de beauté pour les hommes et les femmes yoruba.
dessin perso – avril 2012 Masque Yoruba Bénin ( l’identique à celui qui a inspiré mon dessin en 2001), Fondation P Guerre. Marseille
Beaucoup d’interdits et de tabous entourent les masques. Ils sont plus nombreux et entraînent des sanctions plus sévères chez les Égun que chez les Gèlèdè. Ceci s’explique par le fait que les Égun constituent des sociétés secrètes. Toutefois, la loi du silence est fondamentale pour les deux organisations.
Si aucun mystère n’entoure l’identité du « porteur du bois », comme on appelle souvent l’homme qui revêt un masque gèlèdè, nul ne doit cependant l’interpeller ou l’appeler par son nom pendant sa « sortie ». Lui-même devra s’abstenir avant, pendant et après la danse, de mentionner, dénoncer ou critiquer les sorcières Il lui est également interdit, au cours de la danse, de faire tomber son masque ou de découvrir son visage, même si tout le monde connaît son identité.
–
Chaque région du Nigéria possédant ses propres coutumes, croyances, ce pays est riche d’expressions artistiques diverses – dont les Yoruba sont – un “exemple”.
Au niveau artistique, cet article sur les masques indique plus précisément le lien avec l’art de Picasso
A noter que le musée des civilisations africaines, à Lyon, possède aussi de belles “pièces” Yoruba
L’art africain au Burkina-Faso – les lobi
-En me référant à l’article de » Jean Pierre Caillon – french Doctor », pour le côté historique, – ( voir plus bas )je voulais compléter par le côtéartistique, car leur production se différencie de celles des ethnies voisines…
La particularité de l’ethnie Lobi est surtout d’avoir pu conserver bon nombre de ses traditions en résistant à tous les envahisseurs, qu’ils fussent africains ou colons européens. Leur architecture (cases fortifiées en terre cuite) témoigne de cette hostilité, avec des cases distantes les unes des autres d’une portée de flèche. Les Lobi sont animistes à part entière. Ils ne possèdent pas de pouvoir centralisé. La seule autorité est celle du père de famille. La femme occupe une place très importante.
Ils profitent de la saison sèche pour fêter les grandes funérailles réunissant de nombreuses personnes. Le Tan (bière de mil) coule alors à flot… dans des marchés, des concessions familiales, nous rencontrerons ces autochtones d’un autre temps. Ce peuple pratique également de nombreuses initiations dont le djoro qui est encore de nos jours un facteur incontournable d’intégration sociale.
Chaque village possède féticheur (prêtre attaché au service d’un fétiche – ou divinité -), sorcier (avec pouvoirs surnaturels), charlatan (= devin).
Le long de la frontière occidentale du Ghana et sur la moitié est de la frontière ivoirienne, dans l’une des régions les plus défavorisées du pays, plusieurs ethnies apparentées, au passé parfois commun, forment l’une des communautés culturellement les riches du pays. Lobi, Dagari, Gan, Birifor, Pwe et Dan se répartissent ainsi un vaste territoire autour des villes de Goua, Loropéni, Batié, Diébougou et Dissen. Principalement présents au Burkina Faso, ils comptent cependant de nombreux villages au Ghana et en Côte d’Ivoire. Il est commun d’appeler » Lobi » cet ensemble d’ethnies sans limiter cette appellation aux Lobi proprement dits.
Mais les Lobi se distinguent aussi par un habitat particulier…
L’escalier permettant d’accéder au toit terrasse, a ses marches taillées dans un bloc, comme les escaliers Dogon du Mali – , il peut être retiré dans le souci de préserver l’habitat contre des éventuels assaillants
dont un habitat « musée » peut être visité ( dans l’enceinte du musée d’art Lobi, à Gaoua…) et on peut bien entendu en voir dans des villages et chefferies alentour.
A noter que ce musée est intéressant pour comprendre l’origine des prénoms, l’usage traditionnel d’objets tels que la poterie, la fabrication d’objets en fer dans des petits haut-fourneaux, les cérémonies, et bien sûr l’art sculpté ( fétiches, statuettes)
– Toutes les photos perso ont été prises fin décembre 2011, début janvier 2012
Quant à la situatton de l »art », l’auteur du blog « regard éloigné » justement nous dit, en 2006
Ainsi en cherchant à rapprocher le divin de soi, l’homme lobi a produit des statues, destinées à des pratiques cultuelles mais considérées en Occident comme étant de l’art comme c’est le cas de la sculpture africaine de façon générale.
Nous sommes loin évidemment et heureusement des « temps coloniaux et missionnaires » où Ces statues et autres objets de culte étaient immédiatement détruits parce que perçus comme des « fétiches »,(objet fabriqué et non divin sens d’artificiel) voire des objets démoniaques.
Affirmer le caractère artistique des œuvres, ne devrait pas pourtant nous épargner de nous interroger sur, ce qui fonde l’appréciation des « objets » africains comme produits artistiques. Ce n’est pas parce que les statues africaines garnissent les galeries et musées européens que celles-ci peuvent être dites œuvres d’art. La reconnaissance pratique ne saurait être assimilée à une reconnaissance théorique. La légitimité ne peut consister simplement à être reconnue et proclamée par les « Modernes »» comme si la notion de création allait de soi, recouvrait toujours la même signification pour toutes les civilisations, à toutes les époques et comme si une proclamation de son existence dans un art suffisait à établir la légitimité de cet art.
Paradoxalement poser cette question et y répondre, devraient justement faire partie de la découverte et du respect de « l’« altérité » le véritable leitmotiv du musée du quai. .Simplement et pratiquement esthétiser les œuvres,c’est oublier les avertissements de M.Leiris fondateur de l’ethno-esthétique et pour qui pourtant l’art africain était un art parmi les autres :
« Dans une histoire de l’art on ne peut, il va de soi, s’en tenir à la considération des seuls objets […] et les œuvres en question resteraient par ailleurs lettre morte si l’on ne donnait quelque idée des hommes qui le ont produites et de ce qu’ils avaient en tête.
Et plus encore, ce qu’écrit W.Benjamin de l’œuvre à « l’ère de sa reproductibilité » : À mesure que les œuvres d’art s’émancipent de leur usage rituel, les occasions deviennent plus nombreuses de les exposer.
—
–
Claes Oldenburg ( artiste pop)
prise de courant suspendue ( en bois)
Claes Oldenburg ( artiste pop)prise de courant suspendue ( en bois) Claes Oldenburg ( artiste pop)…. sculpture – plug (prise de courant) Avec les sculptures reprenant les objets de cpnsommation quotidens courants, Claes Oldenburg les « magnifie », par leur gigantisme, ou les critique comme objets de consommation, notamment en changeant leur « tenue » ( rendre des objets rigides mous). Changer leur position dans l’espace la batterie molle la batterie molle ( voir le rapport de son avec la peau tendue de l’instrument) ————– Il les insère aussi dans un contexte différent ( ironique la plupart du temps)… pince à linge face à une banque, , vélo géant enterré, dans un square… lavabo mou le lavabo mou la pince à linge sculpture pince à linge sc pince à linge cela change du mythe de la « statue de la Liberté » mouche de badmington mouche de badmington le trognon de pomme le trognon de pomme aquarelle: le porte monnaie C’ets aussi un formaidable dessinateur, – dans ses projets de scultures farfelues; ici aquarelle: le porte monnaie projet de sculpture ; vis molle projet de sculpture ; vis molle les slips bleu et rose les slips bleu et rose ( sorte de papier mâché peint) le saxophone mou le saxophone mou le tampon géant le tampon géant Cet artiste américain est donc signicarif d’une distance qu’il crée par rapport aux objets du quotidien
Georges Rousse – à la MEP – et Arles
L’espace Holbein, publie dernièrement un article sur l’artiste » metteur en images » Georges Rousse- dont voici le début…
Georges Rousse à la Maison Européenne de la Photographie Tour d’un Monde |
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Avec son intervention pendant les rencontres de la photographie, en Arles en 2006, je me suis attaché à « déconstruire » la façon dont sont faites les images de Rousse, qui privilégie toujours le point de vue unique En cela je trouve que la démarche de l’artiste, même si elle est intéressante dans l’illusion, est datée, dans le fait que cela se rapporte à un seul point de vue, centré sur un spectateur ( les autres n’ont qu’à se pousser)… et en cela proche des artistes de la Renaissance, avec la perspective conique …
je préfère de beaucoup les points de vue multiples, et aléatoires, … A noter, toujours sur l’espace Holbein, cet article, qui met bien en évidence le procédé de reconstitution « in situ », quand le personnage spectateur se place au point idéal… |
Tour d’un monde, c’est le titre d’une très belle exposition de Georges Rousse, à la MEP, que l’on pourrait appeler, sans aucune équivoque, une rétrospective. Tout y est montré, jusqu’aux travaux les plus récents.
Pour qui n’aurait pas encore la chance de connaître le travail de cet artiste , il suffit de cliquer sur l’image de gauche* et, comme par enchantement, tout s’expliquera sans aucun recours à la moindre explication… Rousse est modeste et son Tour d’un monde n’est pas le Tour du monde. Mais le monde est rond, non? Comme ici. Article auquel je vais ajouter mes propres « vues » de Georges Rousse, il s’agissait d’une installation ( en fait, plusieurs), réalisées au musée réattu d’Arles..
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lumière dedans
peinture acrylique sur toile non tendue… grand format 1,50x 1,70m
technique: superposition de couches de couleurs acrylique en transparence