Textes poétiques et d'actualité -nulle part ailleurs !

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Fruits de l’utopie – ( RC )

Y a-t-il encore des poires dans ma cuisine ?
ou se sont-elles mariées avec des pénitents étrangers ,
qui se guident avec des sucres d’orge ?
je crois que je les entends !

Ah, c’est sans doute le bruit de leurs bottines,
qui font « flac ! » dans le sirop.
Comment fermer les yeux
sur leurs desseins coupables ?

Heureusement, j’avais enlevé les assiettes de la table :
( j’ai bien le droit de dormir un peu
et de penser à toi, cachée derrière l’armoire
qui me montrait la lune du doigt! ) .

J’ai fait tourner les aiguilles du réveil
dans la direction de l’ouest,
tout en haut des rayonnages ,
là où les souris se délectent de recettes.

L’une d’elles en robe d’abricot sec
dansait avec Fred Astaire :
vaut-il mieux soulever la poussière
que glisser dans la graisse d’oie ?

Personne n’aura l’idée d’enlever les miettes :
vêtu d’un maillot rose et sans lunettes,
je préférerai les fruits secs
à la tragédie antique.

Mais c’est encore un rêve qui bascule
au fond des utopies.
J’ai quand même retrouvé une poire,
dissimulée sous le lit.

Je l’ai enveloppée dans du papier de soie
couvert de ton écriture :
> c’est comme cultiver mon émoi
avec un peu de confiture !

RC – dec 2020


Une distance que l’on porte en soi – ( RC )

Ce qu'il y a entre nous...

photo  Catherine Loth – musée des moulages  –  Lyon

 

Ce qu’il y a entre nous
est quelque chose d’indéfinissable.
        Je me reconnais en toi,
comme si c’était un miroir:
tes yeux me le rappellent…,
mais j’ai beau me rapprocher,
te toucher,
        Tu ne seras jamais moi,
et jamais je ne verrai par ton regard.

Peut-être que son éclat
est l’image de tes pensées,
qu’elles aussi je ne peux saisir.
          Je ne serai jamais toi,
et dans sa limite la plus ténue,
même chair contre chair,
il y a toujours
cette distance infranchissable,
que l’on porte en soi.


RC – juill 2018

 

 

voir  aussi,  sur une  autre photographie  de Catherine Loth, cet autre texte, créé le même jour…


La maison de verre – ( RC )

maison-de-verre-Le-Cirva-au-Musée-Cantini-Marseille-slide.jpg

sculpture J-Luc Moulène –  » for birds » ( verre moulé et cage  – CIRVA  Marseille)

 

Et ce sera un sortilège,
la maison serait transparente,
donnant sur les prés
les branches qui se balancent ,
au-dessus du toit .
On verrait à travers elle :
de l’autre côté
se continue l’horizon.
Les plus hauts murs
et le fouillis des villes
m’ignorent .
Les pierres sont lourdes et tranchantes ,
le désert est ailleurs.

Le vent se lève et berce les étoiles,
mais je ne m’en aperçois pas .
Je suis dans la maison de verre :
elle voyage, lovée sur elle-même,
n’a que faire des pluies et
des écharpes de brume .
Les tempêtes n’arrivent pas jusqu’à moi.
La maison est close, les portes
ne s’ouvrent pas .
C’est un lieu à l’écart du monde,
une bulle, une fenêtre tout entière,
Malgré qu’elle n’ait pas de barreaux.

Je n’en sortirai pas.

RC – juill 2017


Sculpteur d’un sourire – ( RC )

Afficher l'image d'origine

Art:  Sculpture IFE  ( Nigeria )

 

Si tu dors encore,
je caresse le dessin de tes lèvres,
elles me chuchotent un sourire .
        Il est venu des profondeurs    :
de celles du sommeil et de la terre.
Je pétris l’argile humide,  à ton image.

Je peux te toucher:
il y manque  juste  ton souffle,
et mes yeux  sont une caresse :
     bientôt,    tu vas m’offrir  ton ombre .
Je vais l’enserrer et m’y fondre,
et    devenir glaise à mon tour .

RC  – nov 2016


Derrière le fard gris-vert des lichens – ( RC )

photo perso   Rothéneuf, vers St Malo   02

photo perso Rothéneuf,  vers St Malo 02    2010

C’est brume,
Et les embruns parlent
au travers des  sculptures  .

quinze ans de modelage,
d’obstination sourde et muette,
avec le mouvement lancinant du ressac.

Des sentinelles se sont extraites
des rochers,
Veillent            ( et il en surgirait  d’autres ),

           Leur regard  de pierre
           tient  de celui des reptiles.
                                 On ne sait        si ce sont des gnomes,

        ou des figures de saints,
        qui tentent de sortir  du granit

        On se demande aussi
        qu’est-ce qu’ils fixent ainsi,
        dans l’horizon bouché  …

peut-être les voiles  du passé,
celles de Cancale,
et le retour des légendes ,

Fantaisies tourmentées:
rongées par le choc des vagues ,
la mémoire du sel.

Leurs corps fantomatiques  s’assoupissent
sur un secret bien gardé,
scellé dans leur veille, les pieds dans l’eau .

          Les coups de fouets     obstinés
          de la mer ,                qui insiste,
          le long de la côte des corsaires , .

          cinglent les visages,
          comme pour les  réduire  au silence .
          … mais      pour l’instant ils  résistent,

         et masquent leur vie parallèle,
         derrière le fard gris-vert des lichens
         où ils  semblent  englués  .

Leur attente est persévérance.
Ils restent
car ils sont attachés  au sol,

probablement reliés de l’intérieur
par d’authentiques  présages,
qui ne nous ont pas encore été donnés.

Ainsi les collines paisibles,
abritant dans leur creuset la forge du volcan,
                                paraissant éteint à jamais.

 

photo perso   Rothéneuf, vers St Malo   01

photo perso Rothéneuf,        vers St Malo   – 2010

 

 


Traces de l’oiseau de passage – (RC )

sculpture: C Brancusi

                 sculpture:           C Brancusi

 

 

 

L’oiseau de passage

Flèche les pages

Données au vent.

Il ne laisse trace,

Que l’ombre fugace,

Courant sur le sol,

Et les ruisseaux, les forêts,

Oublient tout de l’image,

Car elle est sans mémoire.

Elle ne s’accroche , qu’au temps,

Celui de l’envol,

Celui de l’instant présent.

Qu’importe le nom des hommes,

S’ils font de leur vie un envol…

Ils s’accomplissent autrement,

Même sans graver leur nom dans l’histoire.

RC- août 2014


Des instants, enrobés de l’épaisseur inconnue de la nuit – ( RC )

sculpture perso:  "le petit dormi"...  relief  inclus  dans un façade. (pierre)

–         sculpture perso:           « le petit dormi »… relief inclus dans un façade. (pierre)

 
Il y a des cloches qui tintent à la volée,
Elles résonnent en silence,
Répondent aux instants,
Enrobés de l’épaisseur inconnue de la nuit,
Quand nous marchons tous deux
Dans la voie mystérieuse du sommeil .

Ce qu’il reste d’une fête qu’on ignore …
Des regards plongés dans une profondeur,
Dont on ne sait plus rien,
Tournés à l’intérieur de notre être,
Fenêtre discrète du coeur.

Nous portons l’oubli dans notre esprit,
Et la beauté de la neige immaculée,
Que l’on découvre au matin,
Accordée à la musique de ta voix,
Quand je me réveille,
A tes côtés.


RC – sept 2014


Un nid – ( RC )

 

 

création: Nils Udo

 

Les  choses  ne sont plus

Ce qu’elles  étaient,

Comme cette  fois

Avec les  branches  des arbres,

Nouées  sur le ciel,

A la luminosité faiblissante.

 

Le sol mousseux  glissant,

Etirant le piège humide,

De racines  sournoises,

Se prolongeant peut-être,

Au-delà du visible,

Dans les  profondeurs  de la terre…

 

Maintenant, le retour sur les lieux,

Bien des années plus tard,

Rend la forêt moins  hostile.

Elle  est devenue  un abri,

Et si tu te loves,

Replié  sur  toi-même.

 

Au creux  de ces mêmes  racines

Une obscurité tendre,

T’enveloppe,

Avec son nid  de feuilles  sèches,

Où  tu pourrais  t’y cacher,

Au point de t’y fondre…

 

Un retour aux  sources,

quand  tu t’endors,

Sourd à tous les appels,

Parcourant la surface.

Loin au-dessus,

C’est un autre monde…

 

 

RC –  juin  2014


Cavalleria Eroica – ( RC )

sculpture:  Arman  Cavalleria Eroica   2004

sculpture:  Arman                 Cavalleria Eroica 2004

C’est une bataille de grand renom,
Des hommes, contre des canons,

La Grande ou la première,
Aux avancées meurtrières…

Se rue ,            grande cavalcade
Bientôt en dégringolade,

Comme se mène,   la charge furieuse,
Devant de froides mitrailleuses

Et voila notre escadron fauché
…A terre          la grande chevauchée

Dans les branches, les chairs éclatées,
Plantes nourries de membres étalés,

Découpés en lanières,
Boue sanglante, de guerre aventurière,

Jusque aux lèvres des tranchées,
D’une soif de sang jamais épanchée…

C’est une peinture d’histoire, ce tableau,
Sombre,                   aux accents de Waterloo.

RC  – février 2014


S’arracher au sol – ( RC )

art: boîte de Joseph Cornell

art:         boîte de    Joseph Cornell


La tête à l’envers,
Montée sur l’échelle,
Quelque part sur la terre,
Au delà du ciel,

Crevant les nuages
Après l’ascension lente,
Que rien ne décourage,
Même pas les pentes,

D’abruptes avancées,
Et de rochers branlants
Aux horizons fermés
Et leurs glaciers luisants.

Comme des mâts de cocagne,
Plantés comme un défi,
Au milieu de la campagne,
– caprices de topographie…

Alors , il est bien tentant,
De s’arracher au sol
Combattre la pesanteur en la bravant
Pour prendre son envol.

Il est tombé, le soir,
Sur le Mont Aigoual,
Tu vas mieux pouvoir
Observer les étoiles,

Que depuis son observatoire
Et croiser les satellites
Dans la nuit noire,
D’un espace sans limites …

Les cheveux de couleur
Des aurores boréales,
Feront ton bonheur,
D’un vol sans escale

En chevauchant Pégase,
Et ses ailes ,   sur l’air,  appuyées ,
Ignorant les cases,
Des jeux de société.

Tu iras bercer les lunes
Dans tes bras blancs
Survoler les dunes,
Et les soleils aveuglants.

Et les pays lointains,
Dont tu rêvais,
Seront à portée de main,
Et même si près,

Que la planète te semble
Bien petite , ma foi,
Même si elle tremble,
Encore, et aussi de froid

Pour les habitants de la terre,
Il serait aussi passé de mode,
De se faire la guerre,
Même aux antipodes….

Fini le temps des nations,
Des bains de sang,
Et de la désunion,
Tu auras bien le temps

De faire un petit tour et revenir,
Accrochée à une étincelle
Le temps d’un soupir,
Et d’un coup d’aile….

RC-  janvier 2014


Masque – ( RC )

masque  Baoulé de     Côte d’Ivoire

La magie du masque,
Ne dit rien que son visage noir,
Le bois creusé, que l’on dirait
Moulé sur un corps,

Un abri, derrière lequel
Il se réfugie,           –
–    … Je suis en compagnie,
D’un esprit.

L’ombre d’une face,
L’épreuve du silence,
Laissant sa trace,
Au-delà des gestes  ;

Ceux de la danse,
Le lien vers un peut-être,
Sévère et magnifique,
De traduction magique

C’est une patine offerte,
Repoussant la lumière,
Happée vers l’intérieur,
Vers des mots d’une autre langue

Et qu’on protège  des regards,
Du commun des humains.
Les lignes de ses formes fondent sa force,
Son action saluée , bénéfique,

Quand le masque  est de sortie,
Chassant en conviction,
Les mauvais esprits,
Les mauvaises récoltes

Viens demain,
Sans lui, en habit de paille,
Remise-le dans l’ombre,
Les yeux fermés

La bouche ouverte,  …
Le masque sacré
Veille même sur la nuit
Et aussi notre destin.

RC – décembre 2013

masque africain- Afrique centrale

masque africain- Afrique centrale


Au commencement est le geste, à la fin, la douleur ( RC )

Sculpture  Michel-Ange - Pièta  1498

Sculpture Michel-Ange – Pièta 1498

Il y a toujours un commencement, mais nous n’en avons plus mémoire,

Ou c’est celle, animale, de l’embryon que nous fûmes…

Aussi on nous dit la Genèse, le premier jour, la lumière, ( les contes fleuris de la création du monde ),

 ornent les missels, ou occupent les cadres dorés des musées.

 

…Le geste se prolonge à travers tous les corps      ( Bernard  Noël ),

,       et c’est de l’espèce commune,       oui,          de cerner, attentif à notre fonds commun.

 

Le sang circule donc dans les veines, et l’existence tutoie différences et préjugés,

C’est l’intérieur qui parle, ( le flux sanguin, se trouvant de la même couleur chez tout le monde)

Le geste est originel… Pêchant dans l’inconscient collectif.

Il se traduit en images,  parfois elles nous envahissent, car construites à notre semblance…

La Vierge est à ma portée, portant dans ses bras son fils mort, et affaissé.

Son immobilité et sa blancheur ,           sa dureté de marbre, quelle que soit l’habileté de l’artiste,                    lui ôtent sa chaleur.

Juchée sur son piédestal, et faussement accessible, le monde ne recommence pas avec elle,

au contraire, elle se substitue en mythe, aux mères des pays de famine, où toute mère, hurle à la vie enfuie, et qui s’est, au sens propre, arrachée d’elle.

S’il y a une genèse, il y a aussi celle de la douleur…. Il est des Pièta vivantes, ne prêchant pour aucune religion.

RC – 14 octobre  2013

Pogordski

Parodie de Pièta: ( une  de la série photographique  de G PODGORSKY )


Soumis à métamorphose – (RC )

Art: Scupture de C Brancusi : colonne sans fin

Art:          Sculpture de C Brancusi :                colonne sans fin               ( et l’oiseau)

Nuit, tu m’as portée dans tes mains,

Et provoqué ma faim.

Bercé du sourire vertical,

Allant chercher les  étoiles,

Ou leur reflet au fond du puits,

Aussi loin ….   je te suis.

Sous des pressions  d’atmosphères,

Nous sommes secoués d’éclairs,

–  A parcourir ces feux,

La nuit,  le regard en creux,

Construit son festin,

D’une colonne sans fin.

Un pont jeté dans l’existence,

S’ effacent les distances,…

M’entourant de ses bras,

La nuit a étendu ses draps.

Une faille dans le temps,

Qui me laisse en suspens…

( Une parenthèse, une trève,

M’aspirant dans tes rêves) ,

Nuit de coton,

Chrysalide dans son cocon,

Vois, comme je repose,

Soumis à métamorphose.

 

 

RC- 16 octobre 2013

 

 

peinture: Egon Schiele

peinture: Egon Schiele-        couple             1913


Invisible dans la cachette – ( RC)

art- Giuseppe Penone - Souffle 6 - 1978..  empreinte de corps dans la terre  (terre cuite), centre Georges Pompidou Paris

art- Giuseppe Penone – Souffle 6 – 1978..        empreinte de corps dans la terre        (terre cuite), centre Georges Pompidou Paris

Quand s’ouvre doucement sous nous,

La trappe du temps,

On s’y glisse, au début,

Comme dans une cachette,

Et, fort de ma trouvaille,

Invisible aux yeux de ceux

Qui nous recherchent,

Comme dans une grotte,

Qui collerait à la peau,

Ce jeu, à m’effacer,

Mais tout entendre et regarder

Sans être aperçu…

Le jouer du cache-cache, total

Et être invisible,

Même à moi-même

A quitter mes douze ans,

>   Ou plutôt qu’ils me quittent,

Pendant que se soudent les années,

  • Une porte invisible aussi, – s’est close.

Et l’ingénieuse cachette,

Restée invisible,             pour de vrai,

N’avait même pas,   l’indice d’un ongle,

Des objets que je portais     ce jour là,

Ou mes os blanchis         en petit tas…

Une cache ,                       si bien close,

.               Que je porte en moi.

RC – 2 octobre 2013

( cet article a pour origine, le beau texte  d’Astrid Waliszek » cache-cache »)

sculpture-volume: Giuseppe Penone  - visage moulé  ( détail du "souffle" 1978- voir photo précédente

sculpture-volume:       Giuseppe Penone –       visage moulé ( détail du « souffle » 1978- voir photo précédente


Figure des Cyclades ( RC )

art cycladique: British Museum  London

art cycladique:         British Museum                 London

 

La muse des mystères,

N’a pas de visage,

Ou alors,        seulement indiquée,

 

L’arête du nez,

Dépassant du lisse,

mais juste la substance des choses,

 

>             L’essentiel est dit ,

L’expression ne s’accroche

Ni aux lèvres absentes, ni au regard…

 

idole cycladique – Met – Art Mus ( NYC)

Nous laissons le nôtre,

Parcourir l’espace,

 

La pierre debout,

A la stature humaine,

 

Et cette énigme,

Blanche et dure,

 

La courbe même, en tension ,

Fuit,           dans l’harmonie,

 

Les récits parasites,

Venant perturber l’aube de la nuit.

 

La nuit des temps, – dit-on,

Pourtant, ne se fond pas dans l’obscur,

 

Si simplicité fait aussi l’épure,

Polie des mémoires de chair,

Des peuples cycladiques,

Nous sommes, en présence,

De l’infini.

RC – 19 septembre  2013

– en relation avec l’article de Michèle  Dujardin  » Cyclades »


Regard Visage Parole

Article re-bloggé  de  détours  du monde…,

excellent  site en lien souvent  avec les arts premiers

Mexique260«…le visage humain n’a pas encore trouvé sa face et… c’est au peintre de la lui donner. Mais ce qui veut dire que la face humaine, telle qu’elle est, se cherche encore avec deux yeux, un nez, une bouche et les deux cavités auriculaires qui répondent aux trous des orbites comme les quatre ouvertures du caveau de la prochaine mort.»
(in Artaud A., 1947, Le visage humain, Ed. Locus Solus).Comment apparaît l’humain ?
Francis Bacon à la Tate.Bacon400

Photo 1 : Masque pendentif, Mexique, Culture Mezcala, 300-100 av. J.C, Collection Barbier-Mueller, © Studio Ferrazzini-Bouchet.
Photo 2 : Study for Portrait II (after the Life Mask of William Blake), 1955, © Estate of Francis Bacon, page Tate on line.


L’art africain au Nigéria: les Yoruba

 

 

Sur les Yoruba (  ethnie  du Nigeria  et Bénin)..  vous  trouverez  de la documentation approfondie, chez “regard éloigné” ,  dont j’extrais ici, ce qui touche  au côté artistique…  et que j’illustre  de deux  croquis  que j’ai faits  récemment en regardant des masques  de ce pays,  de la fondation Pierre Guerre  à Marseille                 (  visibles au musée de la Vieille Charité)

dessin perso: masque Yoruba aux béliers. Encre de chine « graphique » avril 2012

La partie en bois du masque doit répondre à des critères formels et esthétiques, à la fois précis et variés. Placé sur la tête, siège de la sagesse de l’homme, il incarne l’esprit de l’ancêtre fondateur de la société. Ses pouvoirs sont renforcés par la personnalité du porteur et la qualité de sa famille, même si, en principe, les spectateurs ne connais­sent pas l’identité de l’homme sous le masque. Celui-ci doit danser à la perfection, car, à travers lui, c’est tout le prestige de la société qui est enjeu. Il doit également être aussi solide physiquement que moralement.

 

dessin perso masque Yoruba au « tambour »… 2001

 

 

Les traits du masque gèlèdè sont soulignés par des sca­rifications sur les joues et le front, caractéristiques de la civi­lisation yoruba ou nago, qui en compte des dizaines de variétés. Si l’aire culturelle yoruba a développé la culture du masque à scarifications, ces marqueurs culturels et identi­taires ne figurent pas sur tous les masques. Le Gèlèdè est le seul des deux classes de masques à en por­ter.. Les marques les plus courantes sur les masques gèlèdè sont le kpélé et surtout l’abaja. Le premier est constitué par trois traits verticaux sur chaque joue. Le second présente trois traits horizontaux, assez longs, sur chaque joue et trois autres, verticaux et plus courts, sur le front. Il faut noter qu’un grand soin est toujours apporté à leur parfaite et harmonieuse exécution. Les scarifications visibles sur les masques gèlèdè ou les figurines garnissant certaines tenues égun n’ont pas plus de signification que celles qui marquent les visages des hommes. Elles sont essentiellement un élément d’identi­fication et un critère de beauté pour les hommes et les femmes yoruba.

dessin perso – avril 2012 Masque Yoruba Bénin ( l’identique à celui qui a inspiré mon dessin en 2001), Fondation P Guerre. Marseille

Beaucoup d’interdits et de tabous entourent les masques. Ils sont plus nombreux et entraînent des sanctions plus sévères chez les Égun que chez les Gèlèdè. Ceci s’explique par le fait que les Égun constituent des sociétés secrètes. Toutefois, la loi du silence est fondamentale pour les deux organisations.

Si aucun mystère n’entoure l’identité du « porteur du bois », comme on appelle souvent l’homme qui revêt un masque gèlèdè, nul ne doit cependant l’interpeller ou l’ap­peler par son nom pendant sa « sortie ». Lui-même devra s’abstenir avant, pendant et après la danse, de mentionner, dénoncer ou critiquer les sorcières Il lui est également interdit, au cours de la danse, de faire tomber son masque ou de découvrir son visage, même si tout le monde connaît son identité.

Chaque  région du Nigéria possédant ses propres  coutumes, croyances,  ce pays  est riche  d’expressions  artistiques  diverses – dont les  Yoruba  sont  – un “exemple”.

 

Au niveau  artistique,  cet article  sur les masques  indique  plus précisément  le lien avec l’art de Picasso

 

A  noter  que le musée  des civilisations  africaines, à Lyon, possède  aussi de belles  “pièces”  Yoruba

tabouret Yoruba, au musée de Lyon


L’art africain au Burkina-Faso – les lobi

-En me  référant à l’article de  » Jean Pierre Caillon   – french Doctor », pour  le  côté  historique, – ( voir plus bas )je voulais  compléter  par  le côtéartistique, car leur production se différencie  de celles  des ethnies  voisines…

photo perso: partie sculptée de tabouret traditionnel 01

photo perso: partie sculptée de tabouret traditionnel 02

photo perso: partie sculptée de tabouret traditionnel 03 le "fond" est un tissu bleu touareg

photo perso: partie sculptée de tabouret traditionnel 04

tabouret traditionnel ( à 3 pieds pour les hommes, 4 pour les femmes )

La particularité de l’ethnie Lobi est surtout d’avoir pu conserver bon nombre de ses traditions en résistant à  tous les envahisseurs, qu’ils fussent africains ou colons européens. Leur architecture (cases fortifiées en terre cuite) témoigne de cette hostilité, avec des cases distantes les unes des autres d’une portée de flèche. Les Lobi sont animistes à  part entière. Ils ne possèdent pas de pouvoir centralisé. La seule autorité est celle du père de famille. La femme occupe une place très importante.

Statuette anthropomorphe présentant un chef assis à l'expression boudeuse

Ils profitent de la saison sèche pour fêter les grandes funérailles réunissant de nombreuses personnes. Le Tan (bière de mil) coule alors à  flot… dans des marchés, des concessions familiales, nous rencontrerons ces autochtones d’un autre temps. Ce peuple pratique également de nombreuses initiations dont le djoro qui est encore de nos jours un facteur incontournable d’intégration sociale.

statuette de couple Bateba

Chaque village possède féticheur (prêtre attaché au service d’un fétiche – ou divinité -), sorcier (avec pouvoirs surnaturels), charlatan (= devin).

Photo perso : Fétiche Lobi de fécondité

Le long de la frontière occidentale du Ghana et sur la moitié est de la frontière ivoirienne, dans l’une des régions les plus défavorisées du pays, plusieurs ethnies apparentées, au passé parfois commun, forment l’une des communautés culturellement les riches du pays. Lobi, Dagari, Gan, Birifor, Pwe et Dan se répartissent ainsi un vaste territoire autour des villes de Goua, Loropéni, Batié, Diébougou et Dissen. Principalement présents au Burkina Faso, ils comptent cependant de nombreux villages au Ghana et en Côte d’Ivoire. Il est commun d’appeler  » Lobi  » cet ensemble d’ethnies sans limiter cette appellation aux Lobi proprement dits.

Mais les Lobi se distinguent  aussi par un habitat particulier…

L’escalier permettant d’accéder  au toit terrasse, a ses marches  taillées  dans un bloc,  comme les  escaliers  Dogon du Mali – ,   il peut être retiré dans le souci de préserver l’habitat contre des éventuels assaillants

photo perso: Gaoua, dans l'enceinte du musée - partie d'habitat avec poteries au sol- pour voir les images à la taille réelle, cliquer sur l'image

dont un habitat « musée » peut être visité  ( dans l’enceinte  du musée d’art Lobi, à Gaoua…)  et on peut  bien entendu en voir  dans des villages  et chefferies  alentour.

A  noter  que ce musée  est intéressant pour  comprendre  l’origine des prénoms,  l’usage  traditionnel  d’objets  tels  que la poterie,  la fabrication d’objets en fer  dans  des petits  haut-fourneaux,  les  cérémonies, et bien sûr l’art sculpté  (  fétiches, statuettes)

photo perso: sculpteur de cannes ( et des tabourets - voir photos plus haut)... dans un village proche de Gaoua

photo perso: le guide "Bebe", et un tabouret traditionnel, en cours de fabrication Le bois le plus couramment utilisé est le bois de karité, d'un aspect assez huileux.

–  Toutes les photos  perso ont  été prises  fin décembre 2011, début janvier 2012

 

Quant à la situatton de l »art », l’auteur  du blog  « regard éloigné »  justement nous dit, en 2006

 

Ainsi en cherchant à rapprocher le divin de soi, l’homme lobi a produit des statues, destinées à des pratiques cultuelles mais considérées en Occident comme étant de l’art comme c’est le cas de la sculpture africaine de façon générale.

 

 

Nous sommes loin évidemment  et heureusement des « temps coloniaux et missionnaires » où Ces statues et autres objets de culte étaient immédiatement détruits parce que perçus comme des « fétiches »,(objet fabriqué et non divin sens d’artificiel) voire des objets démoniaques.

 

Affirmer le caractère artistique des œuvres, ne devrait pas pourtant nous épargner de nous interroger sur, ce qui fonde l’appréciation des « objets » africains comme produits artistiques. Ce n’est pas parce que les statues africaines garnissent les galeries et musées européens que celles-ci peuvent être dites œuvres d’art. La reconnaissance pratique ne saurait être assimilée à une reconnaissance théorique. La légitimité ne peut consister simplement à être reconnue et proclamée par les « Modernes »» comme si la notion de création allait de soi, recouvrait toujours la même signification pour toutes les civilisations, à toutes les époques et comme si une proclamation de son existence dans un art suffisait à établir la légitimité de cet art.

 

 

Paradoxalement poser cette question et y répondre, devraient justement faire partie de la découverte et du respect de « l’« altérité » le véritable leitmotiv du musée du quai. .Simplement et pratiquement esthétiser les œuvres,c’est oublier les avertissements de M.Leiris fondateur de l’ethno-esthétique et pour qui pourtant l’art africain était  un art parmi les autres :

« Dans une histoire de l’art on ne peut, il va de soi, s’en tenir à la considération des seuls objets […] et les œuvres en question resteraient par ailleurs lettre morte si l’on ne donnait quelque idée des hommes qui le ont produites et de ce qu’ils avaient en tête.

 

 

Et plus encore, ce qu’écrit W.Benjamin de l’œuvre à « l’ère de sa reproductibilité » : À mesure que les œuvres d’art s’émancipent de leur usage rituel, les occasions deviennent plus nombreuses de les exposer.

 


Claes Oldenburg ( artiste pop)

prise de courant suspendue ( en bois)

Claes Oldenburg ( artiste pop)prise de courant suspendue ( en bois) Claes Oldenburg ( artiste pop)…. sculpture – plug (prise de courant) Avec les sculptures reprenant les objets de cpnsommation quotidens courants, Claes Oldenburg les « magnifie », par leur gigantisme, ou les critique comme objets de consommation, notamment en changeant leur « tenue » ( rendre des objets rigides mous). Changer leur position dans l’espace la batterie molle la batterie molle ( voir le rapport de son avec la peau tendue de l’instrument) ————– Il les insère aussi dans un contexte différent ( ironique la plupart du temps)… pince à linge face à une banque, , vélo géant enterré, dans un square… lavabo mou le lavabo mou la pince à linge sculpture pince à linge sc pince à linge cela change du mythe de la « statue de la Liberté » mouche de badmington mouche de badmington le trognon de pomme le trognon de pomme aquarelle: le porte monnaie C’ets aussi un formaidable dessinateur, – dans ses projets de scultures farfelues; ici aquarelle: le porte monnaie projet de sculpture ; vis molle projet de sculpture ; vis molle les slips bleu et rose les slips bleu et rose ( sorte de papier mâché peint) le saxophone mou le saxophone mou le tampon géant le tampon géant Cet artiste américain est donc signicarif d’une distance qu’il crée par rapport aux objets du quotidien


Georges Rousse – à la MEP – et Arles

L’espace Holbein, publie  dernièrement un article  sur l’artiste  » metteur en images »  Georges Rousse-  dont  voici le début…

Maison européenne de la photographie

     Georges Rousse à la Maison Européenne de la Photographie
Tour d’un Monde
  Avec son intervention  pendant les  rencontres  de la photographie, en Arles  en 2006,  je me suis  attaché  à  « déconstruire » la façon dont sont faites les images  de Rousse,  qui privilégie toujours  le point de vue unique En cela je trouve que la démarche de l’artiste, même  si elle  est intéressante  dans l’illusion,  est datée, dans le fait que cela  se rapporte à un seul point de vue, centré sur un spectateur  ( les autres  n’ont  qu’à se pousser)…  et en cela  proche des artistes  de la Renaissance, avec la perspective conique …   

je préfère de beaucoup les points de vue multiples, et aléatoires,  …

 A noter,  toujours  sur l’espace Holbein,  cet article, qui met bien en évidence le procédé de reconstitution « in situ », quand le personnage  spectateur  se place au point idéal… 


en fait ce qui m’intéresse le plus, n’est pas  dans le  résultat « idéal », la reconstitution, mais  de voir des formes  annuler  l’espace,- semblant en suspension…. 

comme  dans les oeuvres  de Felice Varini– qui m’intéressent davantage, car elles  sollicitent moins  de « mise en scène » obligatoire…,

en étant souvent ouvertes  sur l’extérieur, ou des lieux  de passage pas  forcément déclarés artistiques…


Tour d’un monde, c’est le titre d’une  très belle exposition de Georges Rousse,  à la MEP, que l’on pourrait appeler, sans aucune équivoque, une rétrospective. Tout y est montré, jusqu’aux travaux les plus récents.
Pour qui n’aurait pas encore la chance de connaître le travail de cet artiste , il suffit de cliquer sur l’image de gauche* et, comme par enchantement, tout s’expliquera sans aucun recours à la moindre explication…
Rousse est modeste et son Tour d’un monde n’est pas le Tour du monde. Mais le monde est rond, non?  Comme ici.
Article auquel je vais ajouter  mes propres  « vues »  de Georges Rousse,  il s’agissait d’une installation (  en fait, plusieurs), réalisées  au musée réattu d’Arles..

Image

lumière dedans

peinture acrylique  sur toile non tendue…  grand  format  1,50x 1,70m

technique: superposition de couches  de couleurs acrylique  en transparence

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