– On n’est jamais de trop pour le déménagement, …le toit effondré laisse passer la pluie.. ( Comme les églises craignent les bombardements, il est prudent de mettre de Christ à l’abri. )
Bien que détaché de sa croix, il pèse encore de tout son poids de regrets et de souffrance cadavre raide comme du bois, avide de délivrance.
Il faudra attendre, cependant encore un certain temps dans le baraquement pour avoir sa bénédiction et qu’il remercie tous ces gens qui le portent avec précaution.
C’est comme si les représentants de la jeune génération transportaient leur père en lui demandant pardon pour la folie des hommes ….en ces jours de guerre.
Nos langues épépinent un fruit oublié dans l’ombre des nuages. Elles parlent trop, et les mots qu’ils désignent ne se rapportent à rien. Nous marchons sur le goudron où brûlent les étoiles, le visage entouré de chiffons.
L’encre me collera aux doigts, et je n’oserai décrire ce que je ne vois pas. Les mains sont humides, pourtant, bien qu’elles ne donnent à boire que des phrases sèches. Il sera difficile d’y puiser quelque nourriture car l’esprit ne nourrit pas le ventre.
Il tire sa substance d’idées moulées sur la forme des pierres charriées par les fleuves . Le tout se situe dans une époque encore inconnue, car ce que j’écris n’a pas encore eu lieu : le poème n’est pas encore lu.
Il se pose sur mon esprit comme une couronne d’épines. Le sang qui viendra aura la couleur du papier sur lequel viendra se poser l’ombre de sa fièvre. Il ne sera pas possible de l’écrire sans ressentir la douleur de ce fruit gris et écartelé.