Textes poétiques et d'actualité -nulle part ailleurs !

Archives de avril, 2020

Rouille et poussière – ( RC )

Dust filled the air behind Amagansett's Main Street on Friday.

La lumière a ce quelque chose d’épais ;
cette matière laiteuse,
chargée de poussière..
Les rues s’enfoncent dans le lointain,
dans un flou incertain,
ce sont des portes vers le passé,
comme une prison indéfinie,
que les sons même,
ne peuvent pas franchir.

C’est comme le temps trépassé,
aux lignes brisées,
aux cris étouffés,
craignant le grand jour,
sur lequel on ne peut revenir.
Ce sont des sensations diffuses,
avec une alternance
de zones sombres et claires,
( et puis toujours cette poussière )…

C’est ainsi que tes pas se sont effacés,
car elle a tout recouvert
de son drap feutré.
Les pierres sur le chemin
ne sont plus visibles,
et je me heurte à elles à chaque instant
sur le boulevard déserté.
Les lampadaires sont des silhouettes fantômes,
et n’éclairent plus rien.

Si je me regarde,      de même,
avec cette âme silencieuse,
je vois ma peau rêche,
tendue sur les os,
eux-même, friables,
comme si,      d’un métal fatigué,
la rouille progressait inexorablement,
et ne me reconnais pas,
mes yeux envahis de poudre grise…

          Il faudrait un vent violent,
que le soleil déchire soudain
cette chape qui pèse
sur le paysage,
et que mon appel te parvienne.
Tu serais loin ,
mais en te voyant,    au bord de l’horizon,
je resterais dans l’espoir
que tu te retournes,  et reviennes à moi.


RC – nov 2019


Des arbres dans la neige – ( RC )

 

150057-wintertag-weiss-baum-dunkel-wald-schwarz-traurigkeit-schnee-photocase-stock-foto-gross.jpegphoto MMchen

Les arbres courent dans la neige,

s’éloignent à la mesure de nos pas,
puis se fondent dans la brume,
à la façon du temps
dont le souvenir s’estompe :
je ne garde que l’instant présent en mémoire,
les flocons en font de même,
déja recouvrant mes traces.


RC – janv 2018


Devant la penderie sombre – ( RC )

chemises  - chaussures.jpg


Personne ne m’a jamais dit
comment suivre le pas des hommes perdus.
Ils sont partis si loin,
qu’on ne les a jamais revus,
– des corps transparents , légers , sans doute nus -,
puisqu’il reste toujours
dans le placard sombre
les chemises repassées,
le costume,
et les chaussures,
moulant des pieds absents.

RC-  avr 2020

 

( variation sur ce texte d’ Emily Dickinson ) :

« Où partent les morts?/ On lui répond qu’ils sont partis en visite. / Très loin. Ailleurs. / Et moi qui ne suis plus petite mais presque vieille, / je ne connais pas de réponse à cette question. / Je vois la penderie et la chemise sur son cintre, / les chaussures rangées pour des pieds absents/ »

 

en relation étroite  avec ce texte,  l’ouvrage  de Sylvie Durbec