Textes poétiques et d'actualité -nulle part ailleurs !

Archives de avril, 2014

Lent cheminement dans le jour livide – ( RC )

photo:  Michael Kenna

                                                         photo:             Michael Kenna

 


Suspendu au-dessus du sol,
Et qu’on prend pour boussole
L’astre émerge de la brume du fleuve.
Des haies denses, pour épreuve

Lui, on ne le voit pas,
On le devine,
Et, portant mes pas,
Feutrés de sourdine

Ceux qui s’éloignent,
Sont ces traces en creux,
Qui témoignent,
Deux à deux,

Du lent cheminement,
Dans le jour livide,
Une marche en avant,
Prenant la lumière pour guide.

Il faut que je pousuive,
Ce mouvement, suspendu,
A de futures perspectives,
Mais l’horizon s’est perdu…

Et comme tous les repères,
Evaporés en route,
Enfouis, sous la terre,
( sous le manteau de neige, sa croûte ).

Font, qu’ils disparaissent ….
Je ne sais si je progresse,
Dans cette région curieusement déserte
Etendue et ouverte.

La marche serait ainsi, fictive
Malgré mes mouvements
Issue d’une lente dérive,
Où seul , se déplacerait le temps,

J’ai découvert des traces,
Presque gommées par le vent,
Avant que tout s’efface…
Les regarder attentivement…

Je reconnais mes empreintes,
Déjà comblées de neige .
– Leur vue me désappointe…
Tournant comme dans un manège…

A faire du sur-place,
Je reproduis un cercle dessiné,
Celui de l’astre qui cadenasse,
L’air de rien, ma destinée…

Au cheminement hivernal,
Dans le jour livide,
Je vais prendre une diagonale,
Quitte à enjamber le vide…

Ce monde reclus,
Il faut que je le quitte
De ce jour qui n’en finit plus,
Je veux en sentir les limites.

Quitte à plonger dans le noir,
Pour quitter l’enfermement,
D’un morne territoire,
Uniformément blanc.

RC – février 2014


Une gerbe de fleurs à cueillir – ( RC )

aquarelle perso -  Bordeaux  2012

        aquarelle perso              –            Bordeaux 2012

 

 

 

Les songes basculent dans la nuit en devenir,

Nos yeux anéantis,                 délivrés du jour,

Sous la caresse des soupirs,

Ne contiennent plus        les parcours,

Aux creux des draps repoussés

Il n’y a même plus d’espace       entre nous,

Juste le temps des voeux exaucés

Et des rêves les plus fous.

 

 

Au coeur en liesse,           sa danse,

Tu prends toute la place,

Et rythmes                   ta cadence,

Occupant tout l’espace,

Prêté à la beauté,

Dont tu es le royaume,

Même invisible,        dans l’obscurité,

Et de mes blessures,        le beaume.

 

 

Je n’ai pas besoin d’ouvrir les yeux,

Ni d’échanger un regard ;

Nous sommes              bien, tous deux,

Avides,               en nos gestes hagards. >

S’il y a des fleurs à cueillir,

Je t’en offre                 une gerbe, …

Vois le printemps jaillir,

Accordé       à ton corps superbe.

 

 

 

RC –  février   2014

 

une  réponse  « décalée », au texte  d’Arthemisia ,  de 2007… »Rêve et réalité »


Sur la musique au tempo arrêté – ( RC )

photo:              Dersascha

 

Passant             à travers le toit ouvert,
Les chauves-souris,
Agitent leurs parapluies      d’ombres,
Sur la musique                au tempo arrêté .
Le matin s’est posé sur les instruments
Immobilisés
Du concert déserté.

Les chaises             habillées de velours ,
Ecarlates                      face aux pupitres,
Encore au garde-à-vous…
Et les partitions en désordre de feuilles,
A même le sol,
Répandues,         telles ailes de papillons,
Arrachées à leur destin.

Inutiles désormais,
Les portées       froissées,
Grouillant encore       de notes,
Répondaient       aux courants d’air,
Soulevant       les rideaux       aux fenêtres,
Restées ouvertes,
Cravachées par la pluie.

Les cuivres entassés,
Empilés à la hâte,
–        S’ essayant encore à rire
De leurs éclats jaunes,
Certains,              cabossés –     estropiés,
Voisins de formes             sombres,
Pouvant être des housses.

Déjà voilées de poussière,
Servant de repaire,
A une famille de rongeurs,
Qu’on voyait ,          très occupée,
A fureter            dans le vestiaire ;
Des habits en lambeaux,
Oscillant encore aux cintres.

Leur           cliquetis,
Seul,                      répond,
Aux           longues plaintes du vent,
Et de temps à autres,
Aux frissons                 du piano noir,
Lorsque se détachent de la voûte,
Quelques morceaux de plâtre.

RC – février 2014

photo: Emily Hill – sans doute accumulation de Arman, musée de Nice


Un temps encore frileux, où nos rêves s’essuient – de bleu – ( RC )

 

peinture:           S Hantaï : Mariale   1962

 


Sur terre, il y a des arbres bleus,
Qui se penchent,
Comme les pensées des vieux,
Jouant dans leurs têtes blanches.

Il y a dans leurs folles branches,
Suffisamment d’espace ,
Pour que les oiseaux passent,
Se posent et puis s’élancent.

Sur la colline,     il y a une maison
Habitée de bleu,
Assez,       pour y vivre heureux,
Comme dit la chanson.

C’est sous un bol d’azur,
Une bulle d’air recyclé,
Qui n’a plus besoin de clé,
Ni de serrures.

Ses portes restent ouvertes,
En signe de bienvenue,
Ceux qui naviguent à vue,
De là-bas, voient la mer verte.

Elle s’étend                 si loin,
Que les plus gros navires,
Partis       dans un soupir,
Ne sont plus que points…

Ceux qui naviguent à vue ,
Ont leurs yeux                bus,
Jusqu’à la dentelle de leurs cils ,
Contournant les îles,

Ils saisissent dans leurs mains,
Des mouettes, les plumes
Et des rubans de brume,
Dont ils habilleront demain…

Et,                     au futur étanche
Au balcon des dieux,
Des anges gracieux
Se cachent        en robes blanches,

Des corbeilles de fruits ,
Ces champs aux arbres bleus,
D’un temps      encore frileux,
…           Où nos rêves s’essuient.

RC-  mars 2014


Tu m’as crû mort – ( RC )

image: Mr  Mrs Macbeth

image: Mr Mrs Macbeth

 

 

Tu m’as cru mort,      car             passe le silence,

S’étire un temps,           qui soulève la poussière,

Et elle, doucement, en suspension,           se dépose sur la mémoire.

 

Mais la  lassitude,         ne vient pas au bout de l’existence,          par un simple assoupissement de la conscience.

J’invente une pluie,                  une vapeur,          une haleine,

des couleurs et une chanson,         que personne n’a jamais vues et entendues, jusqu’à présent  .

 

Elles parlent en mon nom,

Elles forment des signes sur le papier,

Elles n’ont pas besoin que tu regardes …

 

Et d’ailleurs, qu’y verrais tu ?

Il n’y a pas de geste visible,

Et les mouvements de l’âme, se font aussi,

Dans la discrétion.

 

 

RC – avril  2014

 

 


Au delà d’une saison repliée – (RC )

photographe non -identifié

photographe   non -identifié    ( printemps de Prague ? )

 

 


Stationnant,                          figé de verticales,
En aspérités sombres,            dressé au ciel,

S’offre                  aux vides d’une saison repliée,
Celle donnée aux froids et à la pluie lancinante,

Comme,         des arbres,           les racines,
Cherchant à s’agripper       à la lumière,

L’écrivain debout,
Contre l’hiver des censeurs,

Sait que                       la vie est ailleurs,
Au-delà des vents noirs,

Poursuivant           sa route longue,
A l’intérieur        de lui-même .

D’autres sont debout,     à proximité,
Et savent,      du retour du printemps,

L’éclosion des fleurs,
Le retour des sourires.

Il n’est plus loin,                     ce temps,
D’où l’oppression             vaincue,

Renaîtront les écrits,
Sans entrave,

Et le retour de la sève,
Portant               de futurs fruits.


RC- février 2014

 


Ne cherche pas l’extinction du soleil derrière ton regard – (RC )

jardin+zen1

Comme, malgré toi,
Tes paupières se ferment,
Pour ouvrir, les portes de la nuit,
Ne lutte pas contre les éléments

Ne cherche pas l’extinction du soleil
Derrière ton regard,
Désormais séparé
De la courbe de la terre

Ecoute plutôt les voix,
L’envers d’un épiderme
Se fondant sans bruit,
Au coeur du firmament.

Voyageant dans le sommeil,
Les oiseaux traversant la mare,
Ne se sont pas égarés ,
Au jardin des pierres .

RC-  février  2014

( inspiré par un court texte  de Sylvaine Diet )

fiction du jardin zen en "nocturne"

fiction du jardin zen en « nocturne »