Le moment du choix – ( RC )
peinture : Nikolai Astrup-
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Ça a été le moment du choix ,
décider de s’enfoncer
doucement dans l’anonymat
de rendre les armes,
une fois avoir mis de l’ordre,
comme on dit, dans ses affaires.
Effectivement les draps repassés
sont bien empilés, à leur place
sur les rayonnages, dans l’armoire.
Ce qui aurait pu être une dot,
mais ce ne sont ses enfants
qui en profiteront.
Le corps a abandonné la lutte,
à force d’ à-quoi-bon,
c’est une victoire à sa façon…
discrète,
de s’abandonner à la nuit,
car, même s’il fait jour dehors,
le regard restera clos,
et les mains croisées sur la poitrine.
Elle aura choisi sa belle robe bleue,
celle qui a un col de dentelle,
et le silence l’a accompagné,
prolongé au delà du raisonnable .
Elle n’aura commis de crime
que sur elle-même.
Personne ne viendra la chercher
au coeur de l’oubli.
Elle a pensé que c’était mieux ainsi.
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RC – janv 2016
Emportée, ma dame blanche – ( RC )
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Il ne pleut pas le soir,
( Celui qui rime avec espoir… )
— Ce ciel n’est pas étanche,
Et sombre, en vagues blanches…
La bien-aimée voguant dans les draps,
Blancs, comme le sont mes bras….
Le jardin d’amour m’attend,
Et , tout au fond, le banc,
Où nous nous reposions,
Maintenant , sous l’épais coton.
Quand, sous la neige, tout s’efface,
Et que le vent , lentement, l’amasse.
Je t’ai portée ainsi, contre ma poitrine,
En robe diamantine
Parée de frissons…
… Tombent les flocons .
Il ne peuvent traduire,
Dans ce poème, ton sourire.
Qui lentement, s’éteint
Alors que je t’étreins
Juste aux portes du vertige .
Puis, quand il se fige ,
Je sais que tu vas t’enfuir
Dans des souvenirs
… qui n’ont pas de fin,
Le long des matins ,
Où tu ne sentiras plus le froid…
Il est un sentier étroit,
Qui mène au pied du grand arbre …
La neige a recouvert aussi la dalle de marbre.
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RC – nov 2014
Une gerbe de fleurs à cueillir – ( RC )
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Les songes basculent dans la nuit en devenir,
Nos yeux anéantis, délivrés du jour,
Sous la caresse des soupirs,
Ne contiennent plus les parcours,
Aux creux des draps repoussés
Il n’y a même plus d’espace entre nous,
Juste le temps des voeux exaucés
Et des rêves les plus fous.
Au coeur en liesse, sa danse,
Tu prends toute la place,
Et rythmes ta cadence,
Occupant tout l’espace,
Prêté à la beauté,
Dont tu es le royaume,
Même invisible, dans l’obscurité,
Et de mes blessures, le beaume.
Je n’ai pas besoin d’ouvrir les yeux,
Ni d’échanger un regard ;
Nous sommes bien, tous deux,
Avides, en nos gestes hagards. >
S’il y a des fleurs à cueillir,
Je t’en offre une gerbe, …
Vois le printemps jaillir,
Accordé à ton corps superbe.
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RC – février 2014
une réponse « décalée », au texte d’Arthemisia , de 2007… »Rêve et réalité »
Echo circulaire – ( RC )
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Sous les draps de gris
Combattant la pluie,
Qui va,
En semailles passagères
Occuper quelques heures monotones,
De mémoire oublieuse,
Les ondées d’automne
Nourrissent les herbes grasses.
Cette vallée scellée d’une chape sévère,
De sombres tapis de pins,
Fermant le regard,
Aux détours d’un chemin,
Alors que s’échappe,
Du basculement des nuées,
L’or d’un pinceau,
Bondissant sur les sommets.
Il court à la vitesse du vent
Quand l’horizon se rebelle,
Dénudant ses roches,
D’abrupte lumière .
Son écho circulaire vibre.
Il traverse aussi vallons et prés,
Et jette sur la pénombre,
L’échantillon complet des couleurs.
Avant qu’elles ne se perdent,
Epuisées de leur audace,
Dans la courbe descendante
Du jour qui s’efface à regret.
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RC – 11 novembre 2013