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histoire

Après l’insurrection – ( RC )

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peinture : Maximilien Luce

 

Je suis des yeux,
ces oiseaux fusées
striant la lumière orangée
aux nuances de feu:

c’est un crépuscule
sous la valse du vent
sombrant lentement,
comme le sang coagule
au pied des barricades
de la Commune de Paris :

le jour s’est évanoui
aux derniers échos de la fusillade :

ce sera bientôt le silence
la ville assujettie,
s’apprête à retourner dans la nuit,
dans la somnolence,
où les songes d’espoir
et de liberté
se sont envolés, désertés
pour se faire cauchemars.

Il n’est pas certain,
qu’un jour nouveau se lève
le lendemain ,  sur les rêves
et sur le genre humain .


RC


Réincarnation – ( RC )

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repro:

Ainsi se ferment les cieux,
l’amour et l’ombre:
la pluie qui tombe
couvre les chant des adieux.
Il est trop tard
pour sortir les mouchoirs…

La nuit est passée par là:
on se passe de discours
pour un voyage sans retour
à moins que l’au-delà
ne fasse que somnoler
si le temps s’arrête :

– on connait bien des momies
qui défont leurs bandelettes
              et l’eau qui a gelé
              reviendra à la vie
( ainsi croit-on
à la réincarnation ).

Qui voudra tourner la page
          revenir en arrière
         les pieds sur la terre?
S’il suffit d’un sarcophage
           et de le vouloir
pour le pouvoir …

Un tour de manivelle
– que les horloges tournent à l’envers –
>  les poupées gigognes répondent à cet appel
           s’enfantant d’elles-même,
sortant de la poussière :
–      je vois que tu connais le stratagème…


Reines de France – Scarabées – ( RC )

Anselm Kiefer

sculpture –  Anselm Kiefer ( dans la suite de sa série  « les reines de France » )


Le quadrillage régulier des salles du palais
s’enlumine         de celui des fenêtres hautes.
           Le pied emprisonné sous la bottine
risque un déplacement prudent
sous le manteau noir
ceint d’hermine  .
          La robe de plomb
sertie d’opales et rubis,
ne protège pas du froid .

Cuirassée  d’ élytres.

Il faut déplacer
         cette pesanteur rigide
sur le carrelage muet
à la façon d’un automate
bien que le corps
         ambitionne
l’audace du soleil
ses rayons enveloppant
ta  blanche jambe de rousse .

Un bourdon dans sa cage.

( On ne court pas ,        légère
dans les allées du parc
          en habits de coton
après avoir laissé
au vestiaire
         l’habit d’apparat ) .
Le protocole impose
le maintien,       la tête haute .
Les gardes sont en armure.

Scarabées.

Le domaine est clos
les arbres étendent leurs ombres,
bouchent l’horizon,
            les murailles hautes .
On n’attend plus le prince charmant .
Une chambre étroite dans la tour nord,
            un sombre plafond à caissons .
Une lourde bible pèse sur la tête .
On ne la voit plus .

On a trouvé un insecte  séché  dans une  boîte  d’allumettes .


RC – sept 2016


L’erre des glaces ( une occupation pendant l’hiver 1942 ) – ( RC )

image: soldats gelés dans un abri – Finlande – provenance: http://rarehistoricalphotos.com

 

Je ne sais s’il faut le dire,
mais il y a quelque chose
qui pétrit la terre,
entre ses doigts …
et cela s’enfonce
dans une atmosphère
rigide comme le fer:
tout se fige alors
dans l’attente
la température chute
sous l’étau du froid,
verticale.
L’eau s’accroche sur tout,
à la façon de dents,
et l’hiver mord
à plaines vents.
Les couperets de glace
hachent ce qui reste
de la nature d’avant.
Tout est dur
et fragile à la fois,
se brise comme du verre
pour retourner
à l’âge de pierre.
Y a-t-il encore
une chaleur qui couve
en profondeur ?
On dirait que l’épaisseur
du gel est entrée
si loin
dans les failles du sol,
que même le feu
s’est solidifié .
Seul alors,
le rapprochement
avec un astre incertain
semble pouvoir faire que

le poing crispé se desserre.

RC – janv 2016


Cavalleria Eroica – ( RC )

sculpture:  Arman  Cavalleria Eroica   2004

sculpture:  Arman                 Cavalleria Eroica 2004

C’est une bataille de grand renom,
Des hommes, contre des canons,

La Grande ou la première,
Aux avancées meurtrières…

Se rue ,            grande cavalcade
Bientôt en dégringolade,

Comme se mène,   la charge furieuse,
Devant de froides mitrailleuses

Et voila notre escadron fauché
…A terre          la grande chevauchée

Dans les branches, les chairs éclatées,
Plantes nourries de membres étalés,

Découpés en lanières,
Boue sanglante, de guerre aventurière,

Jusque aux lèvres des tranchées,
D’une soif de sang jamais épanchée…

C’est une peinture d’histoire, ce tableau,
Sombre,                   aux accents de Waterloo.

RC  – février 2014