Un nid – ( RC )
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Les choses ne sont plus
Ce qu’elles étaient,
Comme cette fois
Avec les branches des arbres,
Nouées sur le ciel,
A la luminosité faiblissante.
Le sol mousseux glissant,
Etirant le piège humide,
De racines sournoises,
Se prolongeant peut-être,
Au-delà du visible,
Dans les profondeurs de la terre…
Maintenant, le retour sur les lieux,
Bien des années plus tard,
Rend la forêt moins hostile.
Elle est devenue un abri,
Et si tu te loves,
Replié sur toi-même.
Au creux de ces mêmes racines
Une obscurité tendre,
T’enveloppe,
Avec son nid de feuilles sèches,
Où tu pourrais t’y cacher,
Au point de t’y fondre…
Un retour aux sources,
quand tu t’endors,
Sourd à tous les appels,
Parcourant la surface.
Loin au-dessus,
C’est un autre monde…
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RC – juin 2014
Filigranes d’un dessein – ( RC )
Les chuchotements du soir, épèlent avec peine,
Les résonnances du corps.
Le jet fatigué de la fontaine,
Se donne encore sans conviction .
Le sang s’élève avec irrégularité,
Puis retourne tel qu’il est,
A sa tâche monotone .
Il a parcouru tant de fois ma vie,
Qu’il me connaît, tel un croquis,
Toujours recommencé à chaque jour,
Et effacé chaque nuit,
A force de gommures,
Il s’est inscrit en creux ,
Dans ma peau parcheminée .
S’il en est comme l’automne,
Dont les feuilles de rouille ,
Viennent obturer les circuits,
L’existence porte son hiver,
Inscrite en filigrane,
D’une silhouette aux mains tremblantes,
Traversée de ses rides .
Bien sûr , porté par la force de l’âge,
J’ai suivi la voie qui m’était confiée ,
Parsemée de conquètes
Et de défaites,
De joies et puis de peines,
Comme tout un chacun.
…Faut-il en conter l’épopée ?
Une diseuse de bonne aventure,
Aurait lu dans mes mains,
Les lignes du coeur et du destin,
Quelques pièces pour un à- venir,
Sans doute, hors du commun .
Mais aujourd’hui encore,
J’en ignore encore le dessein .
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RC- avril 2014
Dans les bras de Morphée – ( RC )
Il n’est pas encore l’heure du baiser sonore,
Le jour est debout et nous nous occupons
A tondre le gazon, contourner les buissons,
C’est que personne encore, ou presque, ne dort.
Nous portons des habits pudiques,
Des robes et des costumes,
Vestons et chapeaux de plumes,
Comme autrefois, tuniques.
Chacun vaque à ses occupations,
S’affaire dans son bureau…
Il n’est jamais trop tôt,
Pour faire ses commissions.
Qu’y a-t-il derrière la porte du ciel ?
Quand les ouvriers d’en haut se rencontrent ,
Pour régler le monde, et sa grande montre,
Et pousser tout le monde vers le sommeil…?
Je ne saurais vous dire,
Car ma vie connaît une trêve,
Je m’occupe alors de mes rêves,
Ceux des autres, je ne peux les lire.
Ils flottent comme des bulles,
Et je m’accroche à elles,
Je suis alors pourvu d’ailes,
Il y a tant d’oiseaux qui me croisent et me bousculent…
J’ai changé de tenue,
Et, comme c’est la coutume,
Laissé sur les cintres, le costume.
Quand il fait chaud, je suis tout nu.
Mais personne ne le remarque,
Chacun a autre chose à faire,
A décoller de la terre,
Et de l’Eden, à visiter son parc.
Il y a plein de choses qui nous traversent,
Les voyages que l’on fait, sans quitter le lit,
La plupart du temps, je les oublie,
Tout autant qu’ils me bercent.
Des parcours acrobatiques,
Où tous les possibles, et leurs contraires,
Côtoient, sans en faire mystère,
Les fantasmes érotiques.
Mais comment s’en souvenir,
Quand le matin les chasse,
Et que la plupart trépassent
Si je m’efforce de les décrire ?
Plutôt que d’en faire un livre,
Que le lendemain efface,
Il faut que je les suive à la trace,
– Et surtout les vivre.
Le regard toujours étonné,
Loin en deçà de l’existence,
Enfin, celle de la conscience,
Ce que l’on appelle s’abandonner.
Dans les bras de Morphée.
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RC – avril 2014
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