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Archives de Mai, 2022

Même s’il n’y a plus de neige – ( RC )

photo: (Collection historique de plaques de verre du Norfolk Navy Yard, #551 prise le 21/03/1908)

Il manque parfois,
au cœur de l’hiver,
un peu de cette musique blanche,
qui se dépose en silence
sur le temps et les branches.

Depuis longtemps,
n’ont pas retenti les rires
de notre enfance .
Nous ne savons plus bousculer le gel,
dans le jardin du ciel.

Je dessinais par ailleurs,
un peu de toi, un peu de moi
avec mon doigt rêche
sur la buée de la vitre,
une fleur, un cœur et sa flèche.

Mais nous nous connaissons par cœur,
et les souvenirs s’allègent,
comme le bonheur parmi les rires :
il suffit d’y revenir ,
même s’il n’y a plus de neige.

en liaison avec le texte de Caroline Dufour


Rendre visible – ( RC )

On ne saisit jamais l’instant présent.
Je sais bien qu’il échappe, encore plus rapidement
que l’eau entre les doigts .
C’est peut-être pour ça que tu ne prends pas de photo.
La mémoire la remplace, dure le temps d’un souvenir,
pâlit, puis fint par s’effacer, devant d’autres instants.

On peut avancer des arguments :
 » Trop de brouillard, plus de batterie,
jamais au bon endroit au bon moment ».
est-ce donc utile.. tout celà ,
je ne peux pas le saisir, tout passe…

Mais il ne s’agit pas trop de « prendre » un instant,
comme si on prélevait une tranche de quelque chose:
un bâtiment, une personne, un paysage,
mais de le restituer autrement,
de modeler son image à la nôtre,

et du plus commun, en révéler une face,
la peindre d’une autre façon que son apparente banalité,
si on y met quelque chose de soi:
On parle plus du regard intérieur
que du visible: on rend visible.


une esquisse, au revers de tes mains

photo Geoff F – abstract body

Une tranche de temps,
une esquisse,
qui me surprend :
un bras lisse,
un dessin,
la courbe de tes hanches,
le revers de tes mains
posées sur tes cuisses,
des phalanges à la paume,
je peins l’air,
et le double chant,
du bout des doigts,
qui me rapproche de toi.