Derrière le fard gris-vert des lichens – ( RC )
–
C’est brume,
Et les embruns parlent
au travers des sculptures .
quinze ans de modelage,
d’obstination sourde et muette,
avec le mouvement lancinant du ressac.
Des sentinelles se sont extraites
des rochers,
Veillent ( et il en surgirait d’autres ),
Leur regard de pierre
tient de celui des reptiles.
On ne sait si ce sont des gnomes,
ou des figures de saints,
qui tentent de sortir du granit
On se demande aussi
qu’est-ce qu’ils fixent ainsi,
dans l’horizon bouché …
peut-être les voiles du passé,
celles de Cancale,
et le retour des légendes ,
Fantaisies tourmentées:
rongées par le choc des vagues ,
la mémoire du sel.
Leurs corps fantomatiques s’assoupissent
sur un secret bien gardé,
scellé dans leur veille, les pieds dans l’eau .
Les coups de fouets obstinés
de la mer , qui insiste,
le long de la côte des corsaires , .
cinglent les visages,
comme pour les réduire au silence .
… mais pour l’instant ils résistent,
et masquent leur vie parallèle,
derrière le fard gris-vert des lichens
où ils semblent englués .
Leur attente est persévérance.
Ils restent
car ils sont attachés au sol,
probablement reliés de l’intérieur
par d’authentiques présages,
qui ne nous ont pas encore été donnés.
Ainsi les collines paisibles,
abritant dans leur creuset la forge du volcan,
paraissant éteint à jamais.
–
le dessin blanc – texte 1 – Je ne peux plus rien dire – ( RC )
Il n’y a plus de veines bleues,
Le sang s’est échappé: il a figé
Tout autour de mes cheveux, et sur le sol,
Et sur les brindilles …le tout mêlé..
C’est un tableau qui en principe,
Ne s’encadre pas.
Le rouge virant au brun,
puis au presque noir
Ou si on le fait, on pourra ajouter
La trace de mon corps,
quand il s’est écroulé,
Souligné d’un épais trait blanc .
Il y a juste sa trace en négatif.
On ne pouvait le laisser tel quel,
Ou le punaiser
comme un papillon,
Sur les murs du musée :
On n’a pas encore prévu de dispositif
Assez performant pour le conserver
Sous les lumières des projecteurs .
A l’emplacement du visage,
Une mauvaise photo d’identité
Pourra faire l’affaire,
Et pour rappeler le contexte
Ou l’inventer, – selon .
Ce sera quelques feuilles,
de la mousse,
Ou un mégot écrasé.
Pour faire un peu plus vrai,
On n’oubliera pas quelques indices,
Des photos explicatives
( si possible : des gros plans )
Assortis de flèches,
et entourées de rouge ;
Les rapports de police,
Et ceux de l’autopsie seront fournis.
Le jeu consiste
A deviner l’arme du crime.
On ne l’a pas encore retrouvée.
Peut-être un des visiteurs l’aura-t-il sur lui…
Je suis désolé ;
Je ne peux pas vous aider.
Ç’aurait été avec plaisir,
Mais vous avez compris…
Je ne peux plus rien dire.
–
RC- mars 2015
–
pour rappel, un autre texte avec le titre « le dessin blanc » existe sur le site, mais dans un tout autre contexte