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Archives de novembre, 2015

Derrière le fard gris-vert des lichens – ( RC )

photo perso   Rothéneuf, vers St Malo   02

photo perso Rothéneuf,  vers St Malo 02    2010

C’est brume,
Et les embruns parlent
au travers des  sculptures  .

quinze ans de modelage,
d’obstination sourde et muette,
avec le mouvement lancinant du ressac.

Des sentinelles se sont extraites
des rochers,
Veillent            ( et il en surgirait  d’autres ),

           Leur regard  de pierre
           tient  de celui des reptiles.
                                 On ne sait        si ce sont des gnomes,

        ou des figures de saints,
        qui tentent de sortir  du granit

        On se demande aussi
        qu’est-ce qu’ils fixent ainsi,
        dans l’horizon bouché  …

peut-être les voiles  du passé,
celles de Cancale,
et le retour des légendes ,

Fantaisies tourmentées:
rongées par le choc des vagues ,
la mémoire du sel.

Leurs corps fantomatiques  s’assoupissent
sur un secret bien gardé,
scellé dans leur veille, les pieds dans l’eau .

          Les coups de fouets     obstinés
          de la mer ,                qui insiste,
          le long de la côte des corsaires , .

          cinglent les visages,
          comme pour les  réduire  au silence .
          … mais      pour l’instant ils  résistent,

         et masquent leur vie parallèle,
         derrière le fard gris-vert des lichens
         où ils  semblent  englués  .

Leur attente est persévérance.
Ils restent
car ils sont attachés  au sol,

probablement reliés de l’intérieur
par d’authentiques  présages,
qui ne nous ont pas encore été donnés.

Ainsi les collines paisibles,
abritant dans leur creuset la forge du volcan,
                                paraissant éteint à jamais.

 

photo perso   Rothéneuf, vers St Malo   01

photo perso Rothéneuf,        vers St Malo   – 2010

 

 


le dessin blanc – texte 1 – Je ne peux plus rien dire – ( RC )



Il n’y a plus de veines  bleues,
Le sang  s’est échappé: il a figé
Tout autour de mes  cheveux, et sur le sol,
Et sur les brindilles …le tout mêlé..

C’est un tableau qui en principe,
Ne s’encadre pas.
Le rouge virant au brun,
puis au presque noir

Ou si on le fait, on pourra ajouter
La trace de mon corps,
quand il s’est  écroulé,
Souligné  d’un épais  trait blanc .

Il y a juste sa trace en négatif.
On ne pouvait le laisser tel quel,
Ou le punaiser
comme un papillon,

Sur les murs du musée :
On n’a pas encore prévu de dispositif
Assez performant pour le conserver
Sous les lumières des projecteurs .

A l’emplacement  du visage,
Une mauvaise photo d’identité
Pourra  faire l’affaire,
Et pour rappeler le contexte

Ou l’inventer,  –   selon .
Ce sera quelques  feuilles,
de la mousse,
Ou un mégot  écrasé.

Pour faire un peu plus vrai,
On n’oubliera pas quelques indices,
Des photos explicatives
( si possible : des gros plans )

Assortis de flèches,
et entourées de rouge ;
Les rapports de police,
Et ceux de l’autopsie seront fournis.

Le jeu consiste
A deviner l’arme du crime.
On ne l’a pas encore retrouvée.
Peut-être un des visiteurs l’aura-t-il sur lui…

Je suis  désolé ;
Je ne peux pas vous aider.
Ç’aurait été avec plaisir,
Mais vous avez compris…

Je ne peux plus rien dire.


RC- mars  2015

pour rappel, un autre  texte  avec le titre  « le dessin blanc » existe  sur le site, mais  dans un tout autre contexte