Derrière le fard gris-vert des lichens – ( RC )
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C’est brume,
Et les embruns parlent
au travers des sculptures .
quinze ans de modelage,
d’obstination sourde et muette,
avec le mouvement lancinant du ressac.
Des sentinelles se sont extraites
des rochers,
Veillent ( et il en surgirait d’autres ),
Leur regard de pierre
tient de celui des reptiles.
On ne sait si ce sont des gnomes,
ou des figures de saints,
qui tentent de sortir du granit
On se demande aussi
qu’est-ce qu’ils fixent ainsi,
dans l’horizon bouché …
peut-être les voiles du passé,
celles de Cancale,
et le retour des légendes ,
Fantaisies tourmentées:
rongées par le choc des vagues ,
la mémoire du sel.
Leurs corps fantomatiques s’assoupissent
sur un secret bien gardé,
scellé dans leur veille, les pieds dans l’eau .
Les coups de fouets obstinés
de la mer , qui insiste,
le long de la côte des corsaires , .
cinglent les visages,
comme pour les réduire au silence .
… mais pour l’instant ils résistent,
et masquent leur vie parallèle,
derrière le fard gris-vert des lichens
où ils semblent englués .
Leur attente est persévérance.
Ils restent
car ils sont attachés au sol,
probablement reliés de l’intérieur
par d’authentiques présages,
qui ne nous ont pas encore été donnés.
Ainsi les collines paisibles,
abritant dans leur creuset la forge du volcan,
paraissant éteint à jamais.
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Le concert des fausses notes – ( RC )
- retable d ‘Issenheim : tentation de St Antoine
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Les cors essoufflés font avec, les violons langoureux
Un dialogue grisé, qui éteint le décor.
La symphonie fantastique a mille retours
Gnomes et djinns me soufflent au visage
Une haleine soufrée, des cloches fêlées
Les héros politicards, vite endormis
Aux matières sournoises, se drapent dans le pourpre
Et s’entourent de mains molles,
D’anciennes affiches pendantes, en clones plats
Le miroir n’a plus à raconter l’avenir,
L’humanité pleure, le concert des fausses notes
Les saxophones barbotent en faux airs enjoués,
Le fossoyeur, jette une tasse brisée
Avec les fleurs passées du retable d’Issenheim,
Les tarots alignés, montrent bâtons,
Les mères pleurent leurs fils partis
– Combattre d’autres enfants,
…..L’au delà des frontières, appelle chimères.
Chaque coup marqué par les timbales
– cerne le présent , celui d’ ici –
Les hennissements des trompettes…
Après la “marche au supplice’
> Rendez-vous sous l’horloge…
… maintenant avec des chiffres, elle égare ses aiguilles
Qui défilent, et le progrès qu’on emballe;
Cacophonie ouatée, cuivres ternis
Les pères ont disparu – On leur a menti
– La fumée jaunasse des usines
Au dernier mouvement, noie bientôt l’orchestre…
Et ses ressacs d’un matin. – insolvables –
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RC – 22 septembre 2012
( composé au souvenir d’un panneau du retable d’Issenheim, de Grünewald, dont la
reproduction illustrait la “symphonie fantastiques ” de Berlioz )
- Caricature d’Hector Berlioz par Etienne Carjat, 1858