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Derrière le fard gris-vert des lichens – ( RC )

photo perso   Rothéneuf, vers St Malo   02

photo perso Rothéneuf,  vers St Malo 02    2010

C’est brume,
Et les embruns parlent
au travers des  sculptures  .

quinze ans de modelage,
d’obstination sourde et muette,
avec le mouvement lancinant du ressac.

Des sentinelles se sont extraites
des rochers,
Veillent            ( et il en surgirait  d’autres ),

           Leur regard  de pierre
           tient  de celui des reptiles.
                                 On ne sait        si ce sont des gnomes,

        ou des figures de saints,
        qui tentent de sortir  du granit

        On se demande aussi
        qu’est-ce qu’ils fixent ainsi,
        dans l’horizon bouché  …

peut-être les voiles  du passé,
celles de Cancale,
et le retour des légendes ,

Fantaisies tourmentées:
rongées par le choc des vagues ,
la mémoire du sel.

Leurs corps fantomatiques  s’assoupissent
sur un secret bien gardé,
scellé dans leur veille, les pieds dans l’eau .

          Les coups de fouets     obstinés
          de la mer ,                qui insiste,
          le long de la côte des corsaires , .

          cinglent les visages,
          comme pour les  réduire  au silence .
          … mais      pour l’instant ils  résistent,

         et masquent leur vie parallèle,
         derrière le fard gris-vert des lichens
         où ils  semblent  englués  .

Leur attente est persévérance.
Ils restent
car ils sont attachés  au sol,

probablement reliés de l’intérieur
par d’authentiques  présages,
qui ne nous ont pas encore été donnés.

Ainsi les collines paisibles,
abritant dans leur creuset la forge du volcan,
                                paraissant éteint à jamais.

 

photo perso   Rothéneuf, vers St Malo   01

photo perso Rothéneuf,        vers St Malo   – 2010

 

 


Nous sommes des témoins ( RC )

 

 

 

Nous sommes  des témoins,
Pouvons  témoigner  de la réalité des choses,
L’écorce  du pin est rêche,  ses branches finissent en souplesse,
L’eau des torrents suit la  pente dictée par les montagnes,
Les galets  de granit, arrachés par les flots, ont la douceur polie de tes seins.
Le sable s’accumule dans les baies, mais peut aussi se dresser en nuage blond.
Le froid dicte son gel, rapidement contredit par les souffles tièdes  du lendemain,
Et nous pouvons parcourir tout ça, essayer de franchir les abîmes, nous griffer aux ronces.

Cela nous est naturel,  mais notre mémoire  n’a que celle de notre ressenti,
Elle a oublié, depuis que se dévide le fil du temps, que la force motrice nous échappe,
– comme  elle échappe  à l’histoire…
Les roches  sont sous nos pieds, engluées dans la terre,
mais leur origine dialogue avec le mystère des constellations et la caresse du soleil.
Nous sommes  des témoins  de  » l’état des choses « ,
D’une explosion qui semble  arrêtée,   – l’alternance inlassable du jour et de la nuit semblant une évidence,
Une île parcourue  d’éternités,

alors  que nous sommes livrés  à la nuit,     –>  à quelques dizaines de  kilomètres de là.

 

RC – 2 septembre 2013