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Archives de janvier, 2022

Un reflet qui se détourne de tes mains vides – ( RC )

 

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C’est comme si j’avais cédé
au chant des sirènes,
et qu’après les avoir suivies
dans leur pays,
ma chanson parée
          d’algues marines,
et mon sang,       en eau salée .

Je me serais perdu
         à moi-même,
pour toujours :
                 nulle part,
et partout, pourtant,
comme un sucre
quand il se dissout.

Si quelqu’un s’enquiert
de mes nouvelles,
tu lui diras que le silence
de ma voix
est couvert par celles des vagues
( tantôt tempête
           ou gémissement ) .

Ton corps plongé dans l’océan ,
               ne me cherche plus :
je suis quelque part
dans l’échancrure de la mémoire
comme un reflet
             qui se détourne
             de tes mains vides .

RC – avr 2018


Moondog à Manhattan – ( RC )

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Album du musicien compositeur « Moondog »

Pour celui qui s’est égaré dans la ville,
au pied des grands buildings,
se souvenir d’une entrevue
avec le grand viking
à l’angle de la 54è rue

( une possibilité entre mille :
il n’est jamais trop tard
pour assister au concert
en marge du progrès
):
passera un drakkar
oubliant le chant de la mer –

s’échoue sur les galets
après avoir dépassé
les temps historiques
qui n’ont plus cours
de l’autre côté de l’atlantique :

c’est le retour
du poète et musicien
surgi des heures antiques
,
mariant la lune et un chien
comme dans un tableau de Miro :

un vagabond compositeur
sans impresario
coiffé d’un casque à cornes.

Dédaignant les pop-corns ,
il a traversé sans saluer
les publicités,
la statue de la liberté,
à défaut de les voir .

Broadway et ses néons
dans sa flèche oblique ,
laisse sans opinion
notre héros, dont l’allure bizarre
n’est plus de mise.

Toi qui t’es égaré dans les boulevards
errant au hasard
à travers Manhattan

tu n’as pas oublié sa musique,
flottant dans l’air électrique
parmi les fast-food
répandant au-dessus du macadam
comme un peu de poudre
dans les matins gris…

Moondog semblant sorti
tout droit de la mythologie….


A l’aplomb de l’enclume – ( RC )

( texte  inspiré par celui de Susanne D…  qui suit )

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Sur tes épaules, l’imperméable,
et tu erres sur le quai,
sans but,
tu marches,
et des cales te parviennent,
les chocs d’outils heurtant la tôle,
              le chant de la nuit,
               en attendant
             que le jour se lève .

             Pourquoi es-tu attachée à la terre ?
Toi qui pourrais regarder si loin,
           et t’appuyer sur l’air…
tu abandonnerais la ville,
      les trottoirs humides
            de la rue de Siam
pour regarder tout cela
                           d’en haut .
                   Si elles pouvaient s’exprimer,
      les mouettes le diraient mieux que moi .

Tu marches dans les rues vides,
les vitrines closes sur leur opulence ,
           et toujours tes pas
           te ramènent vers le port ,
           avec ses murailles de fer
qui se confrontent à la brume,
te parlent de voyages lointains,
       de ceux qui embarquent sans repères,
          passé la dernière lueur du phare,
     qui s’éteint doucement
dans le fracas de la haute mer.

La pluie est l’innocence,
qui s’étale sur les rues,
et de temps en temps tu regardes
dans les glaces ta silhouette,
          ou celle qui te ressemble,
qui te suit obstinément,
                        comme le destin.

Peut-être que la pluie arrivera
un jour à la dissoudre,
           car le ciel est ton refuge,
                        et tu le sais.

Miroir de brume

soleil voilé

exactement à l’aplomb de l’enclume

doux reflet du métal

et le bruit sourd que fait le marteau

sur l’étal

Le clapotis de l’eau

dans les soutes

le pas des hommes et le pavé

qui claque

un air de jazz abandonné au vent

et le vent qui l’emporte

et  l’emporte le temps

comme le son volé

à la corne de brume

son voilé   sitôt dissout

dans la pluie fine  froide

je serre sur mes épaules

mon  imperméable

j’écoute

la musique de la nuit

au fond des cales

le chant des hommes

celui des gouttes d’eau

dans les flaques

celui du jour qui se lève

avec le long mugissement

de la ville

qui répond

à celui de la mer

à celui des bateaux qui rentrent

au port

à la criée

au jasement  des  mouettes rieuses

qui tournent tournent longtemps

avant de fondre sur leur proie

leurs ailes battant l’air

j’écoute

la voix de l’homme qui les disperse

et  ceux là-bas

qui embarquent

sans repères

passé le dernier fanal

dans le fracas

de la haute mer