Le ballet des convenus – ( RC )
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Nos soleils meurent dans la brume,
Comme plongés dans la mine ;
La servilité se répand et enfume
La conscience se fige et s’abîme,
Agenouillée sur l’autel de l’ officiel:
L’expression , sur tout sujet ,reste muette,
et se contente d’ouvrir son missel
( – « Restez en rang, je ne veux voir qu’une tête ! » – )
On se demande s’il existe encore une pensée
Avec le convenu, les convenances
progressant – si on peut dire ! – au pas cadencé,
Si le conforme est l’évidence…
A aller tous dans la même direction,
Saluons la putain respectueuse…
L’inverse est un délit d’opinion…
Alors, Vive les pensées creuses !
Secouons l’encensoir
des paroles vertueuses…
L’anti-conformisme mène à l’abattoir.
La société y conduit ses brebis galeuses .
Pour celles qui ont eu le malheur
de s’écarter de la raison,
et du règlement intérieur,
On leur indique la prison ;
L’échantillon des peines
mis à leur disposition,
L’épaisseur des chaînes,
la mise en condition :
Les joies des goulags ou bien celles de l’exil…
En commençant à faire un tri
Avec les hautes murs de l’asile,
Et un verdict de psychiatrie…
Qui parle de révolution ?
( séparer le bon grain de l’ivraie:
Il n’y a que ça de vrai ):
C’est toujours la solution,
Pour corriger nos erreurs,
A coups de trique :
Nos chers dictateurs,
Préparent notre auto-critique…
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RC – avril 2015
Le dessin blanc – texte 2 – Cheval du Wiltshire – ( RC )
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Le dos tourné au miroir,
les images se reconstituent,
Au détour une vallée;
Le train s’obstine,
sur sa voie étroite, à voguer
au sein de paysages paisibles .
L’éprouvante chape des nuées ,
se pose toujours
sur les collines du Wiltshire .
Sa sombre autorité,
cède parfois au tracé blanc,
> une découpe de craie,
Où un cheval s’est posé,
étourdi du destin :
La marque imprimée des hommes
Garde le mystère intact,
d’une chose plus ancienne,
que le passage du temps.
s’il fallait suivre les crètes
Observées du ciel,
Comme le font les oiseaux,
Ce serait le défilé des siècles,
inscrit dans le mouvement,
Toujours suspendu
Des grands chevaux blancs…
Le train, lui, vite disparu,
comme s’il n’avait jamais existé.
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RC- mars 2015
Celui qui vole, détaché du monde – ( RC )
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Pour celui qui vole,
L’esprit détaché du monde,
La terre est un jardin,
Aux champs bien peignés,
Les rivières dessinent,
Des méandres sympathiques,
Les autoroutes, s’amusent
avec des échangeurs en boucles,
Les voitures sont des puces,
progressant péniblement…
On ne distingue plus les détails,
Ont-ils une importance,
Au regard de la distance ?
C’est peut-être aussi la brume,
Ou les fumées des usines,
Une carte se déroule,
Une vue du ciel aplanit tout :
Le soleil pourchasse les reliefs,
Et pourtant souligne les formes,
Mais mélange les ombres,
Je ne vois plus très bien ….
C’est peut-être que la vue faiblit,
Je devrais commander une paire de lunettes,
Pour y voir davantage.
Mais là n’est pas ma passion,
Les satellites espionnent bien mieux que moi,
Je préfère m’occuper d’autres planètes,
Elles aiment me confier leurs secrets,
Leurs couleurs et leurs paysages,
Et guider mes pensées.
Un jour je débarquerai,
Sur une planète vierge
De la mémoire lourde des hommes ,
Où tout sera à construire.
Alors, je rangerai mes ailes …
Mais il me faudra un certain temps encore.
Les chemins de l’univers présentent
bien des détours
et des surprises, encore.
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RC- fev 2015