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Archives de février, 2016

Des regards portés bien plus loin que la distance nous séparant encore – ( RC )

 

 

 

photo:  Dina Bova

photo:           Dina Bova

 

 

 

Attablés sur la terrasse
Le café développe ses volutes
entre nous.
Elle  développe ses phrases
sans ponctuation.
Hésite dans le récit de sa vie
Mélange les épisodes,
Superpose   images et émotions,
comme le fait sa chevelure
dont les boucles  s’ornent
de la lumière du contre-jour.

Nous nous tenons par la main,
échangeons les matins vécus
de notre  marche
A travers l’enfance.
La traversée des mers,
les vents contraires….
Ces matins  se prolongent jusqu’ici,
comme se prolongent aussi
nos regards portés bien plus loin
que la distance
nous séparant encore  .

RC – oct 2014


Panne de photocopieuse – ( RC )

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Voilà ce que c’est,

Tu fais trop confiance à ces choses,

Et un jour elles se refusent,

Bien sûr ,  quand y a plein d’trucs à faire

J’étais avec mes feuilles à la main,

Regardant l’temps qui m’restait,

Alors j’ai essayé d’lui parler,

D’l’amadouer,

Cte fichue phocopieuse,

Lui parler, la palper,

Même  rebranchée, rien n’y fait

Y qu’la s’crétaire qui s’y connaît

Qui sait où mettre les doigts,

Qui tripote les manivelles,

Qui sent sous les aisselles,

Qui tire sur le papier,

Coincé dans les tambours,

…Elle a dû confondre,

M’a coincé sous les tiroirs,

La machine est r’partie,

En gigotant ses néons,

Pendant qu’la s’crétaire

Gigotait tout autant sur moi,

( elle sait faire avec les doigts)

Y avait un lit d’papier froissé,

Et ses lèvres un goût d’poudre d’encre,

Et l’téléphone là-bas

Qu’arrêtait pas d’sonner…

Y avait qu’à mettre la pancarte,

Ne pas déranger !

RC – nov 2015


La matière des suppositions – ( RC )

peinture: Maurice Brianchon

peinture: Maurice Brianchon

 

Il est  si difficile  de te trouver,
de dire  où tu es,
quelque part,
et d’ailleurs , puisque  le temps,
nous pousse un peu plus loin,
et d’abord  hors  de nous-même,
as tu seulement encore  quelque  chose,
de commun, avec celle  que tu étais ?

une flamme  vacille,
est-ce  la mémoire  qui flanche ?
ou est-ce elle  qui  tourbillonne,
lente,  diffuse  :
des ombres  se sont  détachées
de la musique  du monde :
Tout un monde lointain,
qui avale les journées.

Et l’absence,        ingrate,
elle,     se déplace pourtant, toujours  .
–    la boucle  d’un retour,
–    le poids d’une pierre,
qui pèse  sur le lac,
condamné à l’horizontale.
Peut-être vis-tu entre deux eaux,
des pensées parallèles…

Les univers seraient  clos,
le principe des vases communicants
n’auraient plus cours.
Il faut se contenter des ombres,
et des suppositions  .

RC – juillet  2015