une main tendue vers l’inquiétude – ( RC )
photo Leila Joheir – Liban
La nuit est une main tendue vers l’inquiétude,
la douleur se forge en mille aiguilles
et semelles de plomb.
Les songes ravivés sont perforés
du silence après l’orage.
Les étoiles creuses dans les murs
strient la vie en négatif,
fossiles de leur chair de ciment
conservant la trace des obus..
Les fils électriques s’emmêlent
devant la fenêtre aux volets arrachés,
les lampadaires clignotent
d’une lueur intermittente.
La solitude est dans l’attente
que s’effondre l’escalier
instable de l’accalmie.
Les fantômes ne tarderont pas
à revenir sur les lieux de leur passé.
Passerelles fragiles entre le rêve et le réel – ( RC )
Du pont jeté sur les ombres,
Un fleuve s’écoule,
Pour rejoindre, bien plus loin,
L’embouchure des horizons verts.
Les pensées liquides,
Se dissolvent, et se renvoient
A tour de rôle,
Le reflet de ton existence.
Je crois savoir,
Où mes songes te portent,
Mais n’arrive plus à définir ton image.
Elle est, avec celle des nuages,
Entraînée par le courant,
Et je l’imagine, bientôt,
Voguant en pleine mer,
Sous le frémissement des vagues.
C’est une passerelle fragile,
Le tissu léger de ton absence,
Qui flotte entre deux eaux,
Entre le rêve et le réel…
–
RC – sept 2014
La neige a quitté l’hiver … – ( RC )
–
Il faut laisser les rêves et les cauchemars s’en aller tout seuls,
Ou bien plonger au dedans
Le temps d’un oubli,
D’un désir d’oubli,
Ou d’un désir tout court,
–
Je vais recouvrir tes orteils,
La couverture a glissé,
Les petits monstres sont partis,
Ils ont eu peur de l ‘aube.
Je vais me lever préparer le café.
–
Puis je reviendrai arranger les coussins,
Finalement, je me glisse au chaud,
Au creux de tes mouvements lents,
Personne n’a coupé tes mains,
> Tu t’aimes….
–
Et je caresse avec toi tes songes,
Ils ont une douceur de mousse
Blanche,
…. La neige a quitté l’hiver,
Pour t’habiller de tiède.
–
RC – décembre 2013
–
en réponse à un texte de Geneviève L’Heureux
–
Poursuite de rêves – ( RC )
–
Les rêves s’extraient du sommeil,
Et quand peu à peu tu te réveilles,
Tu cherches leur clef dans le noir,
Comme celle cachée, de l’armoire,
–
Mais le jour et ses rites,
Marche au cours des heures,
Et affadit leur lueur,
Autant qu’il les délite.
–
Et pour ne pas les trahir,
Suivre ces étoiles sans nombre,
Il te faudra le sombre,
Pour les faire revenir.
–
Et si ceux-ci t’envahissent,
Se multiplient et abondent,
Puis se reflètent dans l’onde,
Un seul choc les plisse.
–
Que cherches tu avec eux?
Ces songes qui s’effilochent,
Et auxquels tu t’accroches ?
Te rendront-ils heureux ?
–
Hors de la nuit livide,
Tu n’as plus peur du noir,
Il a cessé de pleuvoir,
Le sol n’en est qu’humide.
–
Rien ne sert de les pousuivre,
Que vas-tu faire avec ?
Tu vois, le sol est déjà sec,
Pour vivre, tu t’en délivres ;
–
Oublie tous ces fantômes,
Le jour apporte sa lumière,
Et les chasse de la terre,
D’un grand coup de gomme.
–
De ces masques qui grimacent,
Se déforment et crient,
Laisse les à la nuit,
Au détour de l’angoisse.
–
Tu as la tête à l’envers,
Le jour est bien revenu ici,
Malgré les nuages, aussi
Retourne avec nous sur la terre.
–
RC novembre 2013
–
Astrid Waliszek – or
entre la nuit et l’aube
l’or des songes attend
en ce jardin d’ombres
25 mars 2012